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Le Français, 29 septembre 1871

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Le Français
29 septembre 1871


Extrait du journal

Les négociations du traité douanier n’a boutissent pas, en dépit des affirmations optimistes de certains journaux. D’après le Temps, M. de Bismarck insisterait pour que M. Thiers, s’appuyant d’une part sur les réserves qu’il a faites expressément au sujet de la rédaction et sollicitant d’autre part l’adhésion de la commission perma nente, supprimât l’article 3 du projet de traité soumis à la Chambre. Le gouverne ment français proposerait au contraire de réduire ce même article à sa plus simple expression à l’aide d’un règlement qui en rendrait les effets presque insignifiants. Nous voulons penser que M. Thiers n’ou bliera pas dans quelle mesure il est lié par le vote de l’Assemblée. S’il fallait cependant en croire certains journaux, on pourrait concevoir quelques doutes sur la déférence du gouvernement envers les décisions du Parlement. On se rappelle le vote sur la proposition de M. de Ravinel. Or, voici que des journaux ministériels nous apprennent que M. Jules Simon s’est réinstallé à Paris; que les bu reaux du ministère de la marine , sauf le cabinet du ministre, sont rétablis rue Royale; que les réceptions hebdomadaires du ministre des affaires étrangères auront lieu désormais à Paris, et que le secréta riat général du ministère de la justice a repris possession de la place Vendôme. Comme pour souligner la portée de tous ces déménagements, Pun des organes du gouvernement, le Soir, ajoute : « M. de Ravinel perd tous les jours du terrain... La rentrée des ministres à Paris peut donc être considérée comme un fait accompli ! » Et les journaux qui se croient libéraux sont tentés d’applaudir au « bon tour » que le gouvernement vient de jouer à l’Assemblée absente. Qu’on y prenne garde. La question est grave. Demander si le pouvoir exécutif doit eu non respecter les décisions de l’As semblée, c'est demander si nous sommes sous un régime de liberté ou de dictature. Il ne s’agit pas de savoir si l’on est ou non partisan delà proposition Ravinel; mais eston césarien ou parlementaire? Si les rensei gnements donnés sont exacts, nous de mandons à toutes les feuilles libérales, quelle que soit leur opinion sur le fond de la question, de protester avec nous, au nom de la souveraineté parlementaire. D’ailleurs, la commission de permanence a ici un devoir strict à remplir, un devoir qui engagerait lourdement sa responsabilité si elle le négligeait. Elle se réunit aujour d’hui même. Nous ne doutons pas qu’elle n’ait demandé des explications au gouver nement. Les faits signalés nous paraî traient si graves que nous voulons croi re les journaux mal informés, et nous espérons que de satisfaisantes explications seront données. C’est précisément quand l’Assemblée est absente que le gouverne ment doit être plus scrupuleux encore dans le respect des décisions parlementaires. Le président de la République comprendra, sans qu’on ait besoin d insister, que plus il a lui-même poussé la Chambre à se sé parer, plus son honneur est engagé. Nous appelions l’autre jour l’attention sur les tristes révélations ressortant du procès des « Pupilles de la Commune », et nous demandions si la société faisait tout ce qu’elle devait pour prévenir cette dégradation de l’enfance. Un Mémoire dis tribué par le préfet de la Seine aux mem bres du conseil municipal apporte une triste réponse à notre question. La derniè re statistique (1866) évaluait le nombre des enfants en âge de fréquenter l’école ou la salle d’asile à : 78,758 garçons, 80,101 filles en âge d’aller à l’écoîe ; 100,658 filles et garçons en âge d’aller à la salle d’asile; soit, en tout, 259,517 enfants. Les établissements de la ville ne possè dent que 88,619 places. Plus de 170,000 enfants ne pourraient pas être reçus dans les écoles communales. De ce nombre, il est vrai, nous devons retrancher 15,000 enfants qui reçoivent la première éduca tion dans leurs familles. Le mémoire de l’inspecteur général évalue également à 97,500 le nombre des enfants qui suivent les cours de l’enseignement libre. Mais il reste encore, à Paris, plus de 67,500 en fants qui n’ont de place nulle part et qui sont privés de tout enseignement. Certains docteurs de l’école démocrati que viennent nous prêcher l’enseignement obligatoire. Il serait au moins logique, avant de recourir à ce moyen extrême et peu libéral, de faire en sorte que partout il y ait suffisamment d’écoles. Que doit-ce être ailleurs, si à Paris la situation est telle ? Ces questions d’instruction et d’éduca-...

À propos

Lancé en 1868, Le Français était un quotidien à la fois catholique et libéral. Tirant à seulement 4 000 exemplaires, son lectorat est toutefois toujours resté très limité. Absorbé par Le Moniteur universel en 1887, le directeur du Français publie néanmoins quelques numéros en indépendant jusqu'en 1898, afin de conserver la propriété du titre.

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