Extrait du journal

Le prince impérial d'Allemagne et le baron des Michels Madrid, 30 novembre, S h. 5. Le diner diplomatique donné en l'honneur du prince d'Allemagne a été marqué par plus d'un incident. J'ai relaté dans mon dernier télégramme le soin avec lequel Sa Majesté avait été parti culièrement gracieuse envers le baron des Michels. L'ambassadeur de France a encore été dans la même soirée le point de mire de bien des yeux. Le prince impérial était au milieu d'un groupe d'ambassadeurs, quand, sortant du cercle formé autour de lui, il s'avança vers le baron des Michels et lui dit : Je suis heureux, monsieur l'ambassa deur, de -m'entrotenir avec vous. On connaît, en Allemagne, les sentiments de sympathie que je professe à l'égard du pays que vous représentez," et, quoi qu'on en dise, ces senti ments sont partagés par tous les miens. On a fait grand bruit dans la presse européenne, et notamment dans la presse française, de mon voyage en Espagne. L'âge avancé de mon pèro a seul empêché qu'il vint lui-même rendre au jeune et intelligent souverain de l'Espagne la visite faite au mois de septem bre. Mon but, en venant à. Madrid, n'a, croyez-le, aucun caractère politique. L'Alle magne ne recherche aucune alliance. Les sen timents de l'Empereur et de son gouverne ment sont essentiellement pacifiques. Mon pére ne perdra aucune occasion de le montrer, et il vient d'en donner une preuve récente, à l'ouverture des Chambres prussiennes. A chaque parole flatteuse du prince, le ba ron des Michels s'inclinait. L'ambassadeur de France exprimait ses remerciements, quand le prince l'interrompit et ajouta en élevant la voix : Le seul regret que j'emporterai de mon voyage, en quittant l'Espagne où j'ai été si bien reçu, c'est de ne pas traverser la France en retournant en Allemagne. Sachez bien, monsieur l'ambassadeur,que j'aime beaucoup Paris, et, quoique Allemand, je suis un peu Parisien, mai» un Parisien pacifique. M. des Michels télégraphia le soir même à...