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Le Gaulois, 11 août 1911

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Le Gaulois
11 août 1911


Extrait du journal

La France, tandis qu'elle était grisée de victoires, a longtemps oublié ses morts. Les noms éclatants de Sébastopol, de Magenta et de Solférino noyaient dans leur rayonnement ceux de Brienne, de Champaubert ou de Montmirail, et le bruit des salves d'allégresse célébrant de glorieux faits d'armes couvrait de .son tintamarre l'écho, lointain déjà, de celles qu'avaient tirées les derniers défenseurs du pays envahi. Dans l'ivresse du succès, en ne pensait plus, aux revers. On chantait des Te Deum, on jetait des fleurs aux triomphateurs de Crimée et d'Italie, et l'on avait raison. Mais, en même temps, on laissait blanchir, dans la terre où ils reposent, sans même avoir de tombeau, les ossements de ces héroïques grognards qui, en 1814, ont écrit avec leur sang le dernier chant de l'Epopée. C'est à' peine si, par ci par là, une pyramide jetée dans la campagne rappelle à notre souvenir les suprêmes batailles où commanda l'Empereur. Et, jusqu'à ces dernières années, il n'y avait pas, même à Waterloo, de monument français La défaite, en mettant son recueillement dans les âmes et en les obligeant à se replier sur elles-mêmes, y a fait naître le regret d'une telle indifférence, qui confinait à l'ingratitude. Elle nous a appris qu'il n'y avait pas que les seuls victorieux dont la mémoire méritât des glorifications posthumes, et que d'autres aussi, plus dignes de pitié peut-être, parce qu'ils avajçnt été plus malheureux, devaient être l'objet d'une même tendresse et d'un même respect. C'est à cette pensée, à la* fois pieuse, équitable et délicate, qu'est due la création du « Souvenir français », gardien jaloux destombes qui émaillent encore nos campagnes, et des stèles funéraires qui se dressent aux emplacements mêmes des combats passés. Il les entretient avec sollicitude, les protège contre le vandalisme inconscient des vagabonds ou des curieux, et en fait surgir là où elles manquent encore. De la sorte, il ne restera bientôt plus un seul des lieux qui furent, en 1870 et 1871, les témoins de notre résistance, où le passant qui se souvient ne puisse se recueillir et prier. Œuvre méritoire entre toutes, mais encore incomplète, et qu'il conviendrait d'achever. ̃̃;̃•:̃̃• ̃...

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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