Extrait du journal

Elle commence à agacer superlativement les journaux du centre gauche et même ceux de la gauche modérée. Le Globe et le Parlement ne veulent plus entendre parler de l'épuration, en tant que système. Le National et le XIX" Siècle, jadis si ardents au massacre des fonctionnaires, témoignent d'une froideur croissante. Tout ce qu'il y a d'un peu clairvoyant dans le parti républicain comprend que le système de l'épuration est un piège à loup, où seront pris et broyés successivement tous les ministères généralement quelconques. C'est l'innocent discours de M. Magnin à ses agents du ministère des finances qui vient de faire éclater ces dispositions, bien nouvelles, des journaux de la gauche modérée. Nous avons relu l'allocution de M. Magnin. Nous n'y trouvons pas un mot qui ne soit l'expression courante et banale, l'expression bien attiédie d'une pensée familière à tous les députés de la gauche et à tous les ministres depuis une année et même plus. Nous allons plus loin. Nous oserons dire que, pour notre compte, nous n'y trouvons pas un mot dont il soit possible de contredire sérieusement la justesse. M. Magnin estime « qu'il ne suffit pas que les fonctionnaires acceptent le gouvernement, qu'ils doivent encore le soutenir et le défendre ». Il n'y a qu'à considérer l'esprit général de fa courte harangue dans laquelle cette phrase est enchâssée pour voir que, par le mot « gouvernement », M. Magnin a entendu non pas tel ou tel cabinet éphémère, mais la République, sa constitution et son premier magistrat. Or, nous ne voyons pas comment on peut rester fonctionnaire sous un régime sans reconnaître par cela même que ce régime appartient à la classe des gouvernements qu il est légitime de servir et honorable de défendre....