Extrait du journal

'Donc le capitaine Hérail est acquitté. C'était prévu puisque c'était juste. Quand il s'agit de .justice militaire on peut dire « c'était prévu puisque c'était juste». Mais que de réflexions, quelle longue et triste méditation inspire ce drame de l'amour et du devoir Quelle traînée de lumière jusqu'au fond des cœurs humains I Voilà un homme qui a un grand et profond amour pour la femme qu'il a épousée et qui lui est reconnaissant de l'amour qu'elle a pour lui. Mais, d'autre part, il a un ardent amour pour son devoir militaire, pour son devoir patriotique. Or un jour, puis le lendemain davantage, puis le surlendemain davantage encore, il s'aperçoit que ces deux amours sont inconciliales, quoique si purs et si nobles tous les deux. Sa femme n'admet pas les sacrifices, les obligations que le service de la patrie exige. Elle n'admet pas que le service la sépare de son mari. Aux grandes manœuvres elle suit son mari, s'attache à lui, ne veut pas le quitter, l'entrave et l'enchaîne. La guerre déclarée, elle le rejoint là où il campe et, malgré ordres formels, avertissements comminatoires du commandement .supérieur» elle persiste, elle résiste, elle s'accroche obstinément. Son mari lui appartient avant d'appartenir à la patrie. Lui perd la tête. Ce n'est pas seulement son avenir militaire qui, après avoir été très retardé, va être. définitivement brisé, c'est son devoir qu'on l'empêche de faire. Il s'exaspère, il s'affole vous savez le reste et le reste est épouvantable....