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Le Gaulois, 15 octobre 1923

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Le Gaulois
15 octobre 1923


Extrait du journal

C'est le sens naturel du voyage de descendre vers le Sud; il suffit de se laisser aller. Cet appel du soleil, on l'entend dès qu'on arrive en Provence, dès ïû'on s'engage en Espagne ou en Italie. Mais il .devient bien plus puissant quand, on a mis le pied en Afrique./Celui qui s'éloigne de la côte laisse alors derrière lui des sites où tout est propre, lustré et joli, où une mer dorée remplit de'son incrustation précieuse des golfes aux pentes boisées et fleuries, que parent l'oranger, l'olivier et la vigne. Mais le voyageur est avide .de paysages moins parfaitement agréables, Il franchit dès montagnes, il atteint des plaines nues, et roussies, après Ja moisson, où déjà règne une lumière plus grande et plus seule. Les horizons se creusent et S'approfondissent, des sommets isolés flottent dans une sérénité solitaire des montagnes stériles se répondent, mais celle qu'on aperçoit le plus loin, noyée et presque évaporée dans la clarté tlu Sud, paraît toujours la plus lieu. Dans les paysages trop meublés dont nous avons l'habitude, distraits par tous les objets qui se. disputent notre attention, nçus finissons par ne plus savoir ce,' qu'est la beauté de l'espace. Ici, il prodigue tous ses prestiges, il étale ses traînes, sur ces grands pays simplifiés, il en dissipe les contours dans sa vague effervescence. Sur ces vastes théâtres ne {paraissent plus les paysans ni leurs ani'maux. asservis. Parfois,-dans la poussière, arrive, incertaine et diverse, une caravane qui descend vers le désert. Lies femmes passent au pas pompeux des chameaux, enveloppées dans des robes gouges, chargées des lourds bijoux qui -tto'les quittent jamais et qui tintent parmi toutes leurs besognes on entrevoit un front tatoué, un œil sombre et. )ch.aud, l'attache d'un poignet, maigre et élégante. Les hommes marchent auprès, tes ânes viennent ensuite, chacun portant un vieillard ou un enfant, et tout ce monde, couvert de mouches comme ùri bétail, s'en va vers son but. indéterminé, avec cet air de princes déguenillés qui est celui des nomades. Ou bien ïfï homme avance seul, d'un pas souple fc ̃'̃prompt les jambes sues, le bas, du lifiage- voilé-, n'ayant avec lui que la fieftéi d'un' fusil. Qu biçii c'est un petit cheval libre et. fou qui galope entre les Beux panaches de sa queue et desacriOù bien, d'un pli de ce sol aride, 6'échappe un oiseau qui, surprenant roreille.de son faible cri, pointe et se; pique dans l'immensité de l'azur. Mais les moments les plus beaux sont ceux où, rien, de passager ni d'accidentel n'intervenant plus, la.terre et le ciel se renvoient de la solitude....

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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