Extrait du journal

Une minute de stationnement dans le vestibule. On est allé chercher la réponse. Oüi ? Non? C'est oui. Et l'on m'introduit dans le cabinet de travail, où, assure la servante, M. Clemenceau me f:.it dire qu'il me rejoindra bientôt. Une profusion de rayons surchargés 'de livres, une lumière tamisée par les rideaux de tulle, unis et fins, d'une large fenêtre. Au centre de la pièce, une table circulaire qui, aux rares espaces que n'occupent pas des liasses de papiers, des pyramides de brochures et de nombreux objets d'art, offre sa marqueterie luisante incrustée de cuivre. Cette table forme un fer à cheval qu'occupe, au centre, un encrier de porcelaine planté-de deux plumes d'oie. En face d'elle, sur la cheminée, plusieurs «sous.verres » alignent méthodiquement des .esquisses originales des maîtres de l'iinipressionnisme. L'ensemble est fait de paix, d'ordre et de travail. On y sent la vie d'une intelligence qui n'accepte peut-être pas toutes les disciplines traditionnelles, mais dont une haute et vaste curiosité de pensée habite l'horizon quotidien. La Crise mondiale, de M. Winston Churchill, détache sa couverture bleue au premier rang des volumes en lecture. Et, près de la porte, à une hauteur hors d'atteinte, le moulage d'un masque égyptien rêve sur le mur, derrière ses yeux fermés....