Extrait du journal

qui sont pour les lions ce que sont pour les canaris les toutes petites cages pro visoires dans lesquelles: on les change de résidence. La tristesse de ces cages, qui ne sont même pas à la mesure d'un étirement de tigre ankylosé ; ces enclos, qui ne sont même pas à la mesure d'une cabriole de gazelle en gaieté ! Néanmoins,- dans ce jardin qui a l'air d'un dépôt de mendicité pour animaux dans la misère, des foules enthousias tes se ruent, se bousculent;, s'écrasent, avides de remplir leurs yeux de vie mystérieuse, d'étrangeté, de pittores que et aussi de beauté, ceci en dépit des proportions mesquines du lieu, de l'in signifiance du décor, de la pauvreté du spectacle. C'est tout ce que le grand Paris, riche en merveilles de toutes espèces, fier de tant de suprématies intellectuel les ou artistiques, peut, dans , cet ordre d'idées, consacrer à l'instruction et à la bienfaisante distraction des masses. Et c'est ce qui explique pourquoi l'an nonce d'une simple exposition de quel ques gallinacés, rongeurs et poissons, fait se précipiter des foules vers une sorte de primitive bourgade nègre où l'on signale quelle rareté ! une basse-cour copieuse, des clapiers grouil lants et un aquarium bien pourvu. Comment,, une fois de plus, ne pas songer aux splendeurs zoologiques de Hambourg, d'Anvers, de Naptes, de Monaco ? On demande un Jardin zoologique digne de Paris... Mais à qui le deman der ? Pas aux contribuables, bien Bûr ! Pour le moment, ils ont assez à faire avec la ménagerie privée où pullulent tous les chats à fouetter "1 Miguel Zamaçoïs...