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Le Gaulois, 21 décembre 1891

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Le Gaulois
21 décembre 1891


Extrait du journal

Où ma mémoire la retrouve le plus distinctement d'abord, c'est, un soir, à une descente du grand escalier des Italiens, en pleines heures prospères du second Empire. C'était la première iois qu'elle reparaissait à Paris, depuis longtemps une armée de cocodès guettait sa sortie, après, l'avoir dévisagée de son mieux pendant les cntr'actes, dans ce promenoir circulaire de la salle Ventadour, si propice à la double inspection des loges couvertes et découvertes. Et certes, elle valait bien une longue station au pied de l'escalier, cette ancienne princesse Bonaparte; devenue comtesse de Solms, puis veuve, et trop peu parisienne au gré de Paris, accaparée par la Savoie, par l'Italie. Mille histoires, dont quelquesunes dramatiques, couraient sur son compte. En attendant, regardez-la descendre au bras de son nouveau mari, un président du conseil, s'il vous plaît, élève et successeur de Cavour, et qu'on dit grand ami de la France. On a pu voir tout à l'heure dans la salle qu'elle est délicieusemenLjolie. On va le constater encore à la sortie, avec l'agrément de voir de plus près son visage, ce qui. rachètera l'ennui de ne plus avoir ses épaules à lorgner. Elle descend l'escalier avec une majesté vraiment impériale, lentement, en femme qui veut laissera l'admiration le loisir de détailler. Arrivée au bas, dans l'attente de sa voiture, nullement troublée, maîtresse de son enivrement de belle femme triomphante, elle regarde tendrement, de très près, avec des grands yeux languissamment levés, l'homme dont elle a pris le bras, son mari; un petit grisonnant, à pince-nez, gauche, modeste et commun. Et toujours, soit qu'elle ait les yeux fixés sur celui dont elle porte maintenant le nom, soit qu'elle les tourne sur les cocodès obstinés à ne pas la perdre de vue, un même sourire court sur ses lèvres, un sourire énigmatique, qui semble presque forcé dans sa sereine immobilité....

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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