Extrait du journal

Non On l'a frictionnée, abreuvée, nourrie; on la prépare pour les assises et pour l'éternel désespoir, à moins que le destin, plus miséricordieux que ses créatures, ne lui accorde la paix en lui retirant la raison. Je la préférerais morte, mais je l'aime encore mieux folle que tout à fait sauvée. Elle prolongera un peu l'intérêt qui s'attache. à cette effroyable affaire, soit qu'elle comparaisse devant la justice, soit qu'elle disparaisse dans un cabanon. 1 Au lieu de quatre jours de publicité, il y en aura pour vingt et un jours une semaine d'émotion débordante, une semaine d'émotion mitigée, une semaine de réflexions. De Paris, l'impression s'étendra ] à la banlieue, puis à la province, enfin à l'étranger le cercle perdant de sa force i en s'élargissant, comme celui qui ride i l'onde au-dessus de la chute des noyés. 1 Puis, dans un mois au plus, quand on < aura épuisé le stock de pitié et d'adjectifs t que notre inconsciente hypocrisie garde en réserve pour les catastrophes qui nous i laissent' saufs, et, dire un mois, c'est i folie un incident surviendra Mlle d'Alençon sera mordue par un de ses lapins, M. Sardou donnera une pièce, l'empereur Guillaume ira visiter le Groenland, on reportera la crinoline, et vous ver- t rez s'il en sera question encore, du suicide c de la rue d'Avronl 1 t Si vous en reparlez, vous passerez pour à an être raseur et assommant « Evidem- i ment, c'est un fait regrettable, vous dira- 1 t-on; mais, puisque c'est fini »...