Extrait du journal

On ne connaît point la source du Nil. Il est de même impossible de dire à quel moment Victor Hugo fit ses premiers -vers, et d'où naquit précisément ce large fleuve de poésie qui, pendant soixante ans, a coulé sur le monde. Fut-ce.au jardin des Feuillantines, ce jardin célébré par lui dans des vers que tout le monde sait : ' - ' . Le jardin était grand, profond, mystérieux, Fermé par de hauts murs aux regards curieux. Fut-ce en Espagne, dans les chambres peintes du palais Masserano, au temps qu'il aimait les beaux yeux de Mlle Pe pa ? A sept ans, parfois, on fait des vers. Tout au moins, l'on sent déjà la poésie. Bien des écoliers ont griffonné des vers à la marge do leurs cahiers. Rien n'est moins nouveau dans le monde. Mais les vers de Victor étaient fort singuliers. Quoi qu'ils fussent classique^,ainsi qu'on peut penser, il s'en exhalait par moments comme un fumet fauve qui étonnait. Comme Hugo avait quinze ans, il crut qu'il pouvait affronter l'Académie et le concours public, et il envoya une épître à ces messieurs les académiciens. L'é pitre était fort goûtée en ce temps. L'é pître de Victor Hugo obtint donc beau coup de succès; mais, comme l'auteur protestait qu'il n'avait encore que trois lustres,l'Académie se méfh, crut à quel-...