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Le Gaulois, 24 février 1894

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Le Gaulois
24 février 1894


Extrait du journal

Des faits récents, des discussions renouvelêes ont posé une fois de plus cette question éternellement pendante les humbles sentais plus heureux aujourd'hui que jadis ? Les ouvriers ont-ils gagné ou perdu à la destruction des jurandes, maîtrises ou corporations, et à leur remplacement par le patronat et par les syndicats et contre-syndicats professionnels ? Les paysans ont-ils à se plaindre davantage des conditions de leur sort à l'heure actuelle qu'il y a cent ou deux cents ans ? J'estime que tout homme de bonne foi répondra sans ambages on a beaucoup tait pour améliorer l'existence des classes laborieuses, mais on n'a pu changer la nature des choses. Les corporations, au dix-huitième siècle, avaient quelques effets excellents et, tout à la lois, elles exerçaient sur le travail d'intolérables tyrannies. Elles ont disparu et c'est fort bien. Seulement, les abus n'ont fait que ae transformer et, sous leur forme nouvelle, ils sévissent toujours. Y a-t-il un moyen d'économie publique susceptible de les déraciner? On n en voit qu'un seul, d'ordre exclusivement moral prêcher aux pauvres l'éternelle patience, aux riches la générosité frater-~ nelle, à tous la vertu surhumaine qui conduit à la conscience des vraies lois supérieures de la vie. Nous voilà dans le pur idéal, en face de la misère, de la souffrance et, aussi, de la révolte qui sont de terribles réalités. Autant emprunter à Tartuffe sa haire et sa discipline et en recommander l'emploi. Ce n est pas du fond des codes que sortira la nouvelle harmonie; ce n'est pas, non plus, du fond de rêves d'un mysticisme incertain. Qui donc se chargera de la faire jaillir des âmes? Qui aura la puissance de réconcilier l'humanité, de remanier le monde, et les choses, et les forces, dans le sens paradisiaque?– « N'importe'disent les uns, continuons à nous efforcer. » Et les autres de répondre « Résignons-nous. )) Peut-être, au demeurant, sied-il de s'eiforcer et de se résigner tout ensemble. non sans ~égarer, bien entendu, de l'o-. dieuse dynamite et des plus odieux dyna-...

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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