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Le Gaulois, 24 juin 1927

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Le Gaulois
24 juin 1927


Extrait du journal

Nul n'ignore que les billets de diverses couleurs qui donnent à leur possesseur la faculté d'assister à une réception académique ne portent qu'un nom celui du récipiendaire. Si quelques. personnes, imparfaitement informées, ̃– et il s'en trouve toujours se sont rendues hier sous la Coupole sans trop savoir à qui succédait le poète qu'elles allaient entendre, elles ont dû pendant trois quarts d'heure être fort embarrassées et se livrer aux conjectures les plus variées. Car M. Paul Valéry dépensa la plus ingénieuse constance à ne pas nommer celui dont on lui avait donné le fauteuil. Il l'appela «.votre grand confrère il ;l'appela « un illustre défunt-»,. il l'appela plusieurs fois mon illustre prédécesseur », il l'appela même « mon futur prédécesseur », hardi assemblage de mots dont se fût délecté Alphonse Allais. mais il ne l'appela pas comme il s'appelait. Il fit seulement, dans la seconde partie de son discours, une allusion au pseudonyme que le fils du libraire Thibault avait adopté « .Luimême n'était possible et guère concevable qu'en France, dont il a pris le nom. Sous ce nom, difficile à porter,- et, qu'il fallait tant d'espoirs pour oser le prendre, il a conquis la faveur de l'univers. "Du prénom, il ne fut pas question. Les quatre syllabes ne sortirent pas de la bouche de M. Valéry. L'historiographe de la séance d'hier insiste sur ce point aussi bien est-ce la première fois que dans l'enceinte académique est exécuté cet amusant et singulier tour. de passe-passe. Bien des récipiendaires ont fait adroitement disparaître tout ou partie des titres littéraires du personnage auquel ils succédaient, aucun n'avait pensé à escamoter son nom, prénom y compris. Il y a là une innovation trop piquante pour qu'on ne s'attarde pas un peu à la signaler. Récemment, un nouvel académicien trouva .:moyen, dans son discours de réception, on ne l'a peut-être pas déjà oublié, de nommer soixante-dix-neuf fois l'une de nos provinces. Cette fois, pour inaugurer son habit vert, un Immortel a condamné son mort, son mort célèbre, a l'anonymat. Décidément, les choses se passent au palais Mazarin comme dans la baraque de Nicolet, où l'on se pouvait targuer d'aller de plus fort en plus fort, dans le caprice, la fantaisie et la nouveauté....

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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