Extrait du journal

Que pensez-vous d'~M~OMe? Oh l'oeuvre admirable, haute, spacieuse, terrible, attendrissante, humaine Mais ;quedites-vousdelamusique dont M. Camille Saint-Saëns a revêtu les chœurs ? Musique a la grecque, monsieur, ne vous en déplaise.–Quoi) si quelque ancien' Grec-revenait au monde, vous estimez qu'il prendrait laComédie-Française pour un théâtre athénien ? Tout beau ) je n'ai rien avancé de pareil. M. Saint-Saëns, en homme d'esprit, en habile homme, a fait du grec à sa manière, avec les éléments qu'il avait sous la main et avec le ressouvenir de deux ou trois formules, de deux ou trois modes et de deux ou trois textes. De l'unisson par ci et, par là, un peu de contrepoint; à la rencontre, des accords jetés tout secs en mémoire des K cittarodistes )) et, brodant sur le tout, quelques petites pages instrumentales. Peut-être est-ce trop grec pour n'être pas grec, et peut-être aussi n'est-ce pas assez grec pour être grec. Avisez à me comprendre. On se perd, monsieur, dans cet hellénisme très ingénieux, mais en l'honneur duquel je doute fort que l'on se batte ou que l'on s'embrasse. Mais savezvous, au juste, ce qu'a fait le musicien? ÏI a emboîté le pas aux plus vieux compositeurs de théâtre, aux maîtres qui, voulant tout uniment ressusciter les spectacles d'Athènes, créèrent, à la fin du seizième siècle, l'opéra sans s'en douter. C'est le vrai point original de cette curieuse partitionnette....