Extrait du journal

Dans sa correspondance, il se fait reconnaître tel que nous avions pu le deviner. Il quitte le Maroc pourvenir prendre part à la Grande Guerre « Pour tout Français, écrit-il, pour tout officier surtout, le but est simple il faut vaincre. L'honneur d'être officier f rançais sur,passe tous les autres honneurs à ses yeux et impose les plus strictes exigences. Quand l'un de ses fils blessé, à peine guéri, doit ou plutôt veut repartir, ils rompt l'attendrissement qui l'envahit pour se contenter de cette recommandation « Vous êtes des vaillants, vous avez la plus haute idée du devoir, vous ne vous laisserez pas trop émou^ voir et supporterez l'épreuve avec courage et confiance. De quelle haute paternité il recouvre tous ses hommes Et comme il rend hommage avec loyauté au courage allemand Par moments, il 'atteint la grandeur d'un Vigny, quand il dit par exemple « Le métier des armes est sukrlime parce que le commandement est la jouissance suprême, et parce que, en même temps, il faut obéir intégralement. Le sentiment qui nous amène à nous révolter contre cette condition est l'orgueil. L'orgueil est toujours puni. Tout chef passionné de commandement est enclin à l'orgueil il lui faut lutter contre lui-môme à ce point de vue. Cet effort continuel grandit la volonté, donne à l'obéissance militaire un caractère de beauté tout à fait partiJamais le découragement ne l'effleure. Car il a fait abstraction* de sa vie. Il poursuit un but auquel il est prêt à se sacrifier, et la pensée de ce sacrifice lui a communiqué la paix intérieure. Après l'armistice, il ne descend pas de la hauteur qu'il a gravie à la faveur de la guerre. Voyez comme il analyse le bonheure et la volonté Le honneurs, on le porte en soi il est l'œuvre de la volonté, comme tout ce qui est beau et grand. Il faut vouloir êiro heureux. Il faut vouloir pour écarter les espérances exagérées, les mirages de l'imagination, pour, démolir les châteaux en Espagne. Il faut vouloir pour tuer dans l'œuf les aspirations malsaines. Il faut vouloir pour remplir malgré tout sa tàche professionnelle. H faut vouloir pour ne rien laisser sans être apprécié, goûté, admiré, de ce qui est beau et bou autour de soi, chaque jour, le temps, la nature, la lec* ture, les événements, les cœurs. » Il a puisé cette force intérieure dans le sentiment religieux. Ce n'était un secret pour personne à Glermont car il ne se cachait ni ne se montrait dans l'accomplissement de ses devoirs que le général communiait le matin des grandes opérations. Les. plus incroyants foi simple et tranquille. Ils en ressentaient quelque admiration. Ce petit homme, si net dans sa vie et son commandement, en retirait un prestige. Et voyez comme dans la haute fortune il demeura modeste nommé gouverneur de Strasbourg, c'est le poste où il mourut, il se souvient de son humble départ dans la vie comme enfant de troupe et il ajoute « Dieu m'a tellement comblé en toutes façons que l'amplitude de ma dette à son égard m'effraierait si je ne le savais immensément bon et indulgent. H...