Extrait du journal

Sans doute, ces touristes ont raison, car ils connaissent la Genève cosmopolite^ ouverte et accueillante aux étrangers, ou plutôt ils connaissent un des aspects de Genève, et de cet aspect Dieu me garde de médire, car je lui trouve un très grand charme. Par une belle soirée d'août, lorsque la journée a été chaude, que la nuitest tombée, et que les quais, entre lesquels le Rhône court à flots pressés, s'illuminent peu à peu, Genève, où il fait parfois si froid, prend un aspect méridional, et si d'aventure une bande de chanteurs italiens réunis au pied du monument de Brunswick, qui ne ressemble pas autant que les Genevois se le figurent à celui de Vorrei un pourrait se croire au bord d'un lac italien et rêvera ces belles nuits du Midi, qui semblent seulement, suivant l'expression de Chateaubriand, l'absence du jour. Mais je m'en tiens à ce que j'ai dit, ce n'est pas la vraie Genève, et ceux qui ne connaissent que cet aspect de la Vffle ne la connaissent point en réalité. La vraie Genève, c'est-à-dire la Genève de l'histoire et du passé, la Genève de Calvin et aussi celle de Voltaire, j'entends celle qu'il s efforçait de corrompre en l'attirant au théâtre des Délices ou de Ferney...