Extrait du journal

'Avez-vous vu des palombes secouer leurs ailes dans la lumière du matin ?. Non. Alors vous ne pouvez comprendre pourquoi le désir.' de fuir nous étreignit un soir si violemment que nous nous levâmes de table, dans un air de jazz, comme des cabotins irrités. Et pourtant nous n'avions d'excuse aue la fantaisie. Depuis vingt jours, nous nous faisions un amusement des stupidités du monde (le monde nouveau) et nous avions habitué les musiciens nocturnes à compter sur nous pour accorder, de boîte de nuit en boîte de nuit, le rythme de deurs instruments avec la violence de nos rires. 'Je ne sais plus qui demanda grâce. Peut-être est-ce vous, princesse, oui vouliez jeter votre boufrse sous les tamaris pour un pauvre illusoire? Peut-être est-ce moi qui ne me souviens que de la fraîcheur du vent, sur la route et sous les étoiles! Je n'ai jamais vu tant d'étoiles que cette nuit-là. Il y en avait devant nous et derrière nous, sur les peupliers et sur les haies, sur la montagne et sur Ciboure, sur la mer, sur Saint-Jean-de-Luz, sur la route même, qui semblaient avoir glissé entre les branches jusqu'au brouillard des prairies. Quelqu'un avait perdu au jeu qui n'était pas riche (quo'iaue poète) et l'intimité s'était établie d'autant plus vite que nous avions tous soif de solitude. L'auto roulait très doucement entre deux décors de haies et de brumes. Etait-il minuit? je ne sais mais r c'était l'heure où, pour des raisons que j'ignore, les cloches ne s'agitent plus sur les villages endormis. Notre princesse ̃avait visité Claude Farrère, dans l'aprèsmidi; tandis que nous nous étions attardes, à Anglet, non loin du phare, au couvent des Bernardines. Une mélancolie nous était restée de cet appel du silence. Les allées sablées, les croix nôtres sur le dos des pénitentes, l'irréalité du passé dompté par Dieu, le parfum des fleurs sur l'inguérissable détresfJ des âmes, tout nous avait préparé à rechercher, loin des casinos à la mode, le conseil du. souvenir-...