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Le Globe, 5 septembre 1842

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Le Globe
5 septembre 1842


Extrait du journal

Ce n’est pas seulement l’ajournement do la question des sucres qui a Irottvé le conseil colonial de la Gjyane en session ; la loi qui règle les attributions des conseils coloniaux est arrivée en même temps, et les défiances qu’elle a dû inspirer à cette assemblée ont été énergiquement exprimées dans l'adresse au roi qu’elle a votée. Seulement nous croyons que les membres de cette assemblée se sont exagéré les conséquences du projet de loi. Il ne s’agissait pas, en effet,,d’empêcher les conseils coloniaux do vo ter l’impôt et de régler le budget, mais de prévoir, au contraire, le cas où les conseils coloniaux, usant de leur droit do voter et de régler le budget, iraient jusqu’à le refuser d’une manière absolue. En France, un refus de budget a son contre-poison dans une dis solution de la chambre des députés, dans un changement de mi nistère. Quand l’un ou l’autre de ces remèdes est essayé sans succès, Yultima ratio, c’est une révolution. Rien de cela n’est possible aux colonies, ou du moins, aux colonies, il n’y a de possible que la dis solution du conseil. Si la dissolution n’a pour effet que de recom poser le conseil des mêmes membres ou de membres encore plus disposés à la résistance que leurs prédécesseurs, et c’est très proba blement ce qui arriverait, que fera le gouverneur ? que fera l’ad ministration locale ? Il ne faut pas se dissimuler qu’il y a, sur ce point, une lacune dans la petite charte coloniale ; c’est cette lacune qu’il faut combler, et que le ministère comblera probablement à la prochaine session-. Le conseil colonial de la Guyane a tort de croire qu’il est ques tion de lui interdire l’examen du budget et le rejet de dépenses déterminées ; rien de cela : il conserve là-dessus toute liberté ; il 11e s’agit dans le projet du loi que d’un refus systématique du bud get tout entier. Dans cette hypothèse, la dissolution du conseil, un appel au pays est un préliminaire indispensable, avant de recourir à d’autres moyens plus héroïques. Si le gouvernement est poussé à bout par une résistance obstinée, comme il n’y a pas lieu de destituer le gouverneur ni les chefs de administration, attendu qu’ils ne sont jamais pour rien (laps les mesures qui motivent des collisions entre eux et le conseil colonial, nous ne voyons d’autre issue à cette si tuation que de déférer le litige, dans le plus bref délai, à la législature métropolitaine, qui seule peut juger en dernier ressort. Elle déter mine la retraite de M. le ministre de la marine et des colonies, si elle désapprouve ses actes, et elle,lui donne un successeur mieux disposé que lui à faire droit aux griefs des colons. Mais, même en ce cas, le service public peut-il souffrir aux co lonies? Le budget peut-il rester ouvert comme un protocole et at tendre la décision des deux chambres ? Cela n’est pas possible, et la loi ne peut que s’empresser de pourvoir à une telle éventualité. Aussi pensons-nous que c’est la question, et la seule question dont le ministère ait à s’occuper, eu ce qui concerne les attributions des conseils coloniaux. Ces attributions sont déjà tellement rédui tes qu’on n’y saurait toucher le moins du monde, sans convertir les assemblées des colonies en assemblées de mannequins et d’au tomates, rôles qu’aucune d’elles 11’accepterait. Le conseil coloiral de la Guyane s’alarme; il demande au roi de faire finir cette agonie ; de mettre franchement un terme à l’exis tence politique des colonies. Nous ne craignons pas de répéter que tout cela est dit ab irato, au milieu de douleurs poignantes, lors qu'une illusion vient de se dissiper, et de laisser le pays un présen ce de la plus funeste des réalités. Nous apprenons donc avec peine que M. le ministre du la marine et des colonies a sévèrement censuré cerlains paragraphes de l’adres se du conseil colonial de Cayenne, surtout le paragraphe où il es*...

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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