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Le Globe, 9 janvier 1844

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Le Globe
9 janvier 1844


Extrait du journal

Le Journal du Havre est, quoi qu’il en dise, dans une singulière position. Ce journal, l’un des plus imporlans de la province, et des mieux placés pour rendre service au commerce extérieur de la France, au lieu de se dévouer sérieusement et efficacement à son œuvre, se jette à corps perdu dans les démêlés et les intrigues de l’opposition, toutes choses dont le commerce français n’a que faire. L’œuvre d’un journal placé comme celui du Havre serait évidem ment d’apprendre à la presse parisienne, qui l’ignore, tout ce qui concerne la navigation et l’exportation, et de contribuer ainsi à faire l’éducation commerciale et maritime du pays, si arriérée en core. Au lieu de cela, le Journal du Havre enrichit ses colonnes de tous les lieux communs de la vieille e' stérile opposition ; il dé clame contre le système qui nous régit, comme si le Siècle, le Na tional et le Constitutionnel ne suffisaient pas à l’accomplissement d’une œuvre aussi intelligente et aussi féconde ; et il conclut brave ment en disant que la place du commerce est dans l'opposition. Pourquoi donc cela, s’il vous plaît ! Est-ce que l’opposition est plus favorable aux intérêts du commerce ? les faits répondent que non. Qu’avons-nous vu depuis plusieurs années .’ l’opposition de la chambre et de la presse combattre avec acharnement tous les pro jets, toutes les tendances, toutes les lois favorables à l’agriculture, au commerce et à la navigation de la France. Qui est-ce qui a tou jours parlé et voté contre l’égalité de droits entre le sucre de bette raves et le sucre de cannes? M. Barrot, M. T hiers et avec eux l’op position. Qui est-ce qui a combattu à outrance le projet de suppres sion de la sucrerie indigène, qui sauvait notre navigation réservée? M. Barrot, M. T hiers, et avec eux l’opposition. Qui est-ce qui tend à bouleverser nos colonies par l’inauguration imprudente , intem pestive, stérile d'un régime mal calculé , actuellement ruineux , et devant avoir, dans ses données présentes, des effets désastreux sur la meilleure part et la plus sûre de nos exportations? Les journaux et les hommes de l’opposition? Qui est-ce qui a rendu impossible un traité important avec le Brésil, en forçant le pays à prendre à Valenciennes, avec des charrettes, le sucre que nos navires seraient allés chercher à Rio-Janeiro? L’opposition. Qui est-ce qui déclame contre tout traité de commerce avec l’Angleterre? L’opposition. Qui est-ce qui a attaqué et injurié les propriétaires de vignes, réu nis à Bordeaux, et se concertant pour obtenir un soulagement à l’industrie méridionale? L’opposition. Que le Journal du Havre daigne nous citer une circonstance dans laquelle l’opposition, soit dans la presse, soit à la chambre, se soit montrée favorable aux intérêts du commerce français, et nous pas serons de son côté. Le Journal du Havre croit-il que M. T hiers, soutenu par M. Barrot, ait rendu de grands services à la navigation et au commerce, lorsque la menace d’une guerre européenne faisait baisser la rente de vingt pour cent à Paris, et désarmer les navires au Havre, à Bordeaux et à Marseille? Comment donc les négocians du Havre, gens de bon sens, gens de pratique et positifs, ne sont-ils pas frappés de la fausse position d’un journal qui, d’un côté, réclame, au nom du commerce, des échanges et de la marine, et qui, de l’autre, se met à la queue des hommes et des feuilles connus pour avoir toujours combattu tou tes les mesures qui pouvaient être utiles aux échanges, au com merce et à la marine? Il n’y a pas de sophismes, il n’v a pas de phrases évasives qui puissent justifier une situation semblable. Vous avez les goûts et les mœurs de l’opposition ? C’est très bien ; mais alors ne venez pas nous dire que l’on ne fait rien pour la marine et pour le commerce, puisque c’est l’opposition qui s’est toujours mise en travers quand on a voulu faire quelque chose. Vous aimez M. Barrot et ses principes? C’est à merveille ; mais alors ne venez pas nous dire que vos exportations souffrent et que vos navires pour rissent dans vos bassins ; car c’est toute l’opposition, M. Barrot en...

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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