Extrait du journal

A loisir je plongeai dans ce mystère humain De la plante des jh'eds jusqu'aux doigts de la main ; En vain je comparai membrane par membrane, C’étaient les mêmes jours perçant les murs du crâne. Toussaint conclut de l’examen du maître et de l’esclave pelés par le tigre, qu’ils étaient exactement égaux : raisonnement aussi fort que celui à l’aide duquel on prouverait que M. de Lamartine et son valet de chambre seraient exactement semblables, si on les pelait aussi ; que l’intelligence et la moralité ne constituent aucune diffé rence entre les créatures humaines, et que les mêmes jours perçant les murs du crâne de tout le monde, il n’y a pas sur la terre deux hommes qui ne soient parfaitement égaux. Si Toussaint n’avait jamais dit aux noirs de Saint-Domingue des choses plus sensées, il ne serait certainement pas mort au fort de Joux. Les dernières paroles de Toussaint sont celles-ci : ’ A revoir ! demain, frères, Ou martyres au ciel, ou libres sur la terre. Quoique fort spirituel, Toussaint savait à peine lire et écrire ; ce pendant, nous doutons qu’il eût confondu martyre avec martyr ; et s’il avait été embarrassé là-dessus, il aurait consulté son ami le curé du Limbé, qui lui aurait expliqué qu’un homme souffre le martyre, mais qu’il est martyr. On le voit, le fragment de la tragédie des Esclaves n’est pas di gne, sous le rapport de l’art, d’un aussi grand poète que M. de La martine ; sous le rapport des idées et de la tendance, il n’est digne d’aucun homme sensé. Ce n’est point à l’aide du massacre qu’on étend la civilisation, et tous les vers du monde ne feront pas que Toussaint et scs noire n’aient commis d’exécrables forfaits, qui n’ont même pas la liberté pour excuse, puisque les proclamations qu’ils publièrent portaient qu’ils avaient pris les armes pour rétablir Louis XVI sur son trône, que Toussaint et Christopne maintin rent l’esclavage, et que ce dernier chef noir avait, quand il mourut, Eassc des marchés avec des armateurs anglais pour recommencer i traite....