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Le Globe, 5 novembre 1841

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Le Globe
5 novembre 1841


Extrait du journal

après le 12 mai. Lo Journal du Peuple fait comme le National, seulement il y met moins de brutalité. Lo National insulte les gens qui succombent, et il n’y a pas longtemps que, poussé à bout de raisons, il leur répondait : Vous avez autant d’infirmité dans l'es prit que de perversité dans le cœur. Le Journal du Peuple se contente de leur dire : Je ne vous connais point. C’est à l’affaire Quénisset que nous devons le secret de la franchise et du courage politique du Journal du Peuple. Un jour nal avait assuré que, dans le procès, on constaterait l'existence d u ne société de régicides, ayant pour bases l'assassinat et la confiscation des propriétés. Voici la réponse d^Jourual du Peuple : « Les noms memes des personnes arrêtéés sur mandat de la cour des pairs sont la preuve qu’il n’y a aucun lien sérieux entre cette af faire et le parti démocratique ; toutes, à l’exception d’une seule, sont des citoyens tout-à-fail inconnus dans le monde politique, et notre ré dacteur en chef se trouve là dans une position d’isolement qui suffirait à nous rassurer si nous avions pu, en présence de la toute-puissance du tribunal exceptionnel qui l’a fait saisir, être un seul instant in quiets sur son compte. » Voyez-vous la bonne raison ! Le parti républicain n’est pour rien dans l’affaire du 13 septembre, parce que Quénisset et ses complices sont des citoyens tout-à-fait inconnus dans le monde poli tique. Est-ce que par hasard le Journal du Peuple trouve qu’Alibaud, en l’honneur de qui la république a chanté des hymnes re nouvelés des Grecs, était un citoyen très connu dans le monde politique? Et Morey, l'héroïque vieillard, comme disent les patrio tes, était-il aussi un citoyen connu dans le monde politique? Et Meunier, et Pépin, etDarmès, que pense le Journal du Peuple de leur notoriété dans le monde des idées et des affaires? Le Jour nal du Peuple, qui a été condamné d’avril, et qui, sans doute, ne renie pas ses compagnons de captivité, de fuite et d’amnistie, pour rait-il nous citer parmi eux beaucoup de citoyens connus dans le monde politique? Et les détenus du Mont Saint-Michel, qu’il ap pelait, il y a cinq jours, ses malheureux amis, sont-ils donc de grands hommes d’état et de graves publicistes? Vous trouvez que les gens qu’on prend l’arme au poing derrière les barricades sont des citoyens tout à fait inconnus dans le monde politique.Vraiment, nous',croyonsbien! Mais pourquoi donc,puisqu’il vous faut des notabilités, n’avez-vous jamais pensé à quitter la plume pour le fusil, et à suivre dans la rue les citoyens inconnus que vous y poussiez par vos déclamations?Le National se vantait, à propos des exploits des patriotes auvergnats, d’avoir provoqué toutes les insurrections qui ont bouleversé la France depuis dix ans. Pourquoi, pendant qu’il était en train d’intrépidité rétros pective, s’est-il laissé aller à un excès de modestie, et nous at-U caché ses laits d'armesr pourquoi ne uuu» a-t-u «*;* quelle barricade il avait été décoré par son parti ? La chose en vaudrait la peine, car elle apprendrait au public qui l’ignore, que les gants jaunes du National et les dictateurs du Journal duPeuple ne sont pas de ceux à qui leur confrère de 1793 reprochait d’être des lions en parole et des lièvres en action. Après le 10 août, jour où les combattans n’étaient pas tous, comme ils ont été depuis dans toutes les insurrections républicaines, des citoyens tout à fait inconnus dans le monde politique, Danton, nom mé ministre de la justice, disait : J’ai été porté au ministère par un boulet de canon. Si, dans la république que nous promettent le National et le Journal du Peuple, on n’a pas d’autre véhicule pour arriver au pouvoir, nous craignons bien d'être privés des grandes lumières des hommes d’état de ces deux journaux, et d’être obligés de nous résigner à 'n’avoir pour ministres que des citoyens tout à fait inconnus dans le monde politique....

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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