Extrait du journal

été vaincus par un décret impérial, et par cette fantaisie à laquelle tiennent une multitude de personnes d’être enterrées catholiquement, sans avoir catholiquement vécu. L’autre fait est infiniment plus grave. Il émane non plus d’une conférence de jeunes gens, mais d’un tribunal ; c’est en core une victoire de la législation impériale sur la liberté de la charte: cette victoire-là 11’aura pas le sort de l’autre; le parti du clergé 11c s’en scandalisera pas. On croit assez généralement que la liberté de la presse existe en France, et que la censure préventive y est abolie. Erreur 1 Le tribunal de police correctionne'le vient de juger que la censure préventive existe encore, parce qu’un décret impérial de germinal anXIll l’a établie; qu’elle existe dans la main des évêques sur les livres d église et de prières; que , de plus, elle est accompagnée d’un droit de propriété perpétuelle sur toute • cette classe de livres , au profit des sièges épiscopaux. Il est bon de faire lire de pareils jugements aux hommes qui s’imaginent que l’on a cause gagnée lorsque l’on est par venu à écrire dans les lois d’un pays la consécration d’un principe. La conquête des libertés publiques n’est pas à si bon marché. Il faut, quand on croit s’en être emparé, livrer et recommencer bien des combats pour en acquérir la possession réelle. Quoi de plus usé que les arguments en faveur de la liberté de la presse? quoi de plus explicite que les lois qui la consacrent ? quoi de plus décrié que la censure ? Cependant voilà dis juges réunis en tribunal qui, sur le vu d’un décret de l’empire , prononcent, après de longues plaidoiries et ma1gré le ministère public, que la censure n’est pas morte , qu’elle a toujours vécu en matière ecclésiastique, et que l’impression d’un livre quelconque d’église ou de prières sans l’autorisation de l’évêque est une contrefaçon. En vérité la patience doit souvent risquer de se perdre au milieu de tels débats. Où en sommes-nous donc si, après bientôt seize ans d’une législation de liberté, c’est encore aux décrets de l’empire qu’il faut demander la solution des questions que l’exercice de la liberté soulève ? La nécessité d’empêcher les prêtres et les fidèles de tomber dans des er reurs qui nuiraient à la loi, voilà le motif textuellement ex primé par le tribunal pour le maintien de la censure ecclé siastique. Pourquoi n’en dirait-on pas autant pour la conser vation de la foi politique ou de l’orthodoxie littéraire ? La Cour royale de Paris, qui a rendu quelques services à la liberté de la presse, ne se résoudra probablement pas à consacrer cet étrange retour à la législation impériale. Mai» c est déjà trop que d’avoir rencontré un avocat de réputa tion et de talent pour proposer ce système, et un tribun M pour l’adopter....