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Le Globe, 15 mars 1844

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Le Globe
15 mars 1844


Extrait du journal

Les sociétés anglaises qui imposent, depuis un demi-siècle, au gouvernement de leur pays, la politique suivie au sujet des colonies à esclaves, se sont aperçus que tous les efforts tentés et toutes les sommes dépensées pour empêcher la traite, ont été à peu près inu tiles; le nombre des noirs importés au Brésil ou dans les colonies espagnoles n’a pas sensiblement diminue. Les journaux anglais an noncent que l’amirauté va compléter la croisière d’Afrique par une adjonction de bâtimens à vapeur, et ils paraissent se promettre les plus beaux résultats de cette nouvelle mesure. Nous sommes surpris qu’une pareille nouvelle se trouve dans les feuilles anglaises, instruites de tout ce qui concerne la navigation ; car il est facile de prévoir que l’emploi des bateaux à vapeur, pour former une croisière, prépare de nouvelles déceptions à la société abolitionniste de Londres. H ne faut pas être un marin bien habile pour comprendre qu’un bâtiment à vapeur, obligé de brûler constamment du charbon pour se tenir dans des parages déterminés, ne saurait ni croiser devant une rade, ni la bloquer, à moins de dépenser des quantités de com bustible incalculables dans de petites évolutions. Un navire à va peur, une fois que ses chaudières sont chauffées, ne saurait rester en place. On ne pourrait donc pas l’employer à cétte œuvre pa tiente et sourde du croiseur, qui consiste à rester à l’affût pendant des mois entiers dans les baies de la cote d'Afrique , voisines des peuplades qui font le trafic des esclaves. Un navire à vapeur n’est bon que dans une chasse donnée à un navire à voiles ; mais un négrier, qui aurait quelques heures d’avance et un bon vent, aurait beaucoup de chances de s’échapper, à cause de l’incertitude où le croiseur resterait au sujet de la route à suivre pour l’atteindre. Nous erbyons que lessocWés abolitionnistes sont dans une gran de erreur, si elles s’imaginent supprimer la traite au moyen des croi sières et du droit de visite. Elles ne font qu’aggraver le sort des africains et rendre la traite cruelle. Nous croyons qu’elles ne réussi ront pas davantage à interdire l’admission des noirs dans des pays comme le Brésil et commentes colonies espagnoles, où l’on a eu géné ralement le tort d’importer des hommes en immense majorité, et où la race des travailleurs, ne se recrutant pas par la famille, dispa raîtrait promptement si elle n’était pas alimentée. Jusqu’à ce qu'u ne population de noirs créoles, nés et élevés sur les habitations, se soit formée aux colonies espagnoles et au Brésil, ces pays ne peu vent passe passer delà traite, sans une ruine certaine et prochaine. Les colonies françaises sont précisément arrivées à ce point impor tant, de posséder une population ouvrière, d’origine africaine, née sur les lieux, déjà un peu façonnée aux mœurs européennes, à la religion et au travail, et par conséquent bien supérieure aux peu plades d’Afrique, dont elles descendent. Aussi, les colonies françai ses ne sont-elles en aucune façon intéressées au maintien de la trai te, car elles peuvent se passer de noirs nouveaux, au moins les co lonies des Antilles. La seule chose sérieuse, raisonnable, à notre avis, ce serait de...

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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