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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 1 juin 1883

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
1 juin 1883


Extrait du journal

« Pas de patrie î Nous ne voulons pas de patrie ! » Tel est le cri sauvage qui s’est échappé dimanche de la bouche d’un des orateurs de la manifestation commu naliste du Père-Lachaise. Ce cri, nous l’avions déjà entendu retentir dans cer taines réunions d’anarchistes ; c’est lui qui résume, en effet, le programme des révolutionnaires d’aujourd’hui. Il n’est pas déplacé, d’ailleurs, sur les lèvres de ces incendiaires de la Commune, qui avaient donné pour couronnement à leur œuvre l’incendie de la capitale de la France. Nous ne sommes nullement tâché que les anarchistes livrent ainsi publiquement le mobile réel de leur système politique, si l’on peut appeler un système ce qui est la brutale négation de tout. Les Spartiates, pour dégoûter leurs enfants de l’ivresse, leur donnaient l’ignoble spectacle d’un ilote ivre. Les anarchistes, qui sont nos nihi listes à nous, ne peuvent que dégoûter la foule par l’odieux étalage de leurs théories. Et c’est ce qui arrive. Leurs exagérations insensées font le vide autour d’eux. Pas de patrie ! Nul mot ne saurait plus mal sonner à une oreille française ; ce n’est pas dans un pays où l’immense majorité des citoyens est si patriote, que ce cri barbare pourrait trouver de l'écho. 11 ne peut, loin de là, qu’inspirer la plus pro fonde horreur pour les insensés qui le profèrent, et qui se vantent de n’appartenir à aucune nation. Ils ont raison du reste. Par leurs théories, ils se mettent en dehors de l’humanité. Il fut un temps où cet esprit de cosmo politisme, qui domine les théories anar chistes, inspirait certaines rêveries huma nitaires. En 1848, on chantait volontiers avec Pierre Dupont « les peuples sont pour nous des frères. » Dans l’enthousiasme naïf des premiers jours de la seconde Répu blique, on croyait à la fraternité des peuples, et l'on ne rêvait qu'embrassentent général de toutes les nations dans une même étreinte. C’était beau, si beau que si une semblable utopie eût pu se réaliser, c’eût été un divin spectacle. Hélas 1 Nous l’avons vue à l’œuvre, en 1870, cette sublime fra ternité des peuples ! Nous nous rappelons comment se sont conduit» chez nous nos t frères » allemands ! Soyons français, d'abord et avant tout. Mais ne prêchons-nous pas des convertis? Est-ce que nous n’exprimons pas la pensée de tous les bons citoyens qui sont dévoués au relèvement du pays 'I Laissons dono une poignée d’énergumène développer dans le silence d’un désert des théories qui n’ont pas d’avenir, et donnons-nous tout entiers à la tâche immense que nous ont léguée les désastres de l’année terrible....

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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