Extrait du journal

traités de commerce qui les ont couron nées. Quant à nous... il faut commencer par dire que nous avons moins que nos ri vaux souffert de la crise de surproduc tion, par cette double raison que nous nous sommes jetés avec moins de passion qu’ils ne l’ont fait dans le combat de la concurrence et que nous avons, malgré la désastreuse évolution de mœurs qui dépeuple nos campagnes au profit de nos villes, maintenu, comme l’a su faire l’Amérique, un équilibre salutaire entre notre production industrielle et notre pro duction agricole. Non seulement nous n’avons besoin de personne pour nous nourrir, mais nos exportations en produits alimentaires, qui étaient, il y a vingt ans, de près de 450 raillions inférieures aux importations, les dépassent aujourd’hui de 121 mil lions. Pai là s’indique le bon remède à la crise. Les socialistes prétendent la guérir par la limitation de la journée de travail. Le moyen serait à examiner, s’il devait s’universaliser ; mais, comme il n’en est pas question, il faut chercher autre chose. Et cette autre chose est toute trouvée : c’est, comme dit M. Méline, « le retour à la terre», c’est-à-dire l’amélioration, en traînant l’accroissement de rendement, de notre agriculture, par l’utilisation à son profit de cette partie du travail national qui, appliquée sans prudence à l’industrie, en obstrue les canaux, en engorge les dé bouchés et en compromet les bénéfices, au lieu de les assurer. Je ne veux pas examiner en détail les moyens que préconise, pour obtenir ce résultat, l’auteur du beau livre que je viens de résumer. Ce sont, en somme, ceux qui ont déjà été expérimentés avec succès par la Suisse, par l’Italie, par le Danemaik, qui y ont trouvé la source j d’un commerce extrêmement fructueux, j Et il y aura encore entre eux et nous cette différence que, grâce à notre situation géographique incomparable et à l’admi rable énergie qu’ont dépensée à mettre en valeur notre vieux sol de France les géné rations qui l’ont cultivé avant nous, notre effort, infiniment plus facile, ne peut man quer d être infiniment plus fécond. Peut-être soupçonnera-t-on de pencher un peu du côté où ses goûts l'inclinent, l’homme qui a employé la meilleure part de sa vie à la défense de notre richesse agraire. Qu’importe ! Le point n’est pas qu’il ait résolu la question ; c’est qu’il l’ait posée. J’en appelle à tous les Français de cœur droit que la politique n’a pas encore af folés, est-ce qu’un tel débat ne serait pas plus utile au pays, plus digne aussi des représentants d’une grande nation, que celui où, depuis de longues semaines, s’é nervent et pataugent nos députés ? Que ne le comprennent-ils? En attendant le retour à la terre, ce serait déjà le retour au bon sens. /L'Eclair1 Alphonse Humbekt....