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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 9 juin 1905

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
9 juin 1905


Extrait du journal

une attention infiniment plus soutenue et une réflexion plus sérieuse. D’autres pourront faire retomber le poids des responsabilités encourues sur M. Delcassé et l’accabler d’invec tives au moment où il quitte le pouvoir. Il nous paraîtrait peu digne et peu gé néreux d’imiter l’attitude de quelquesuns de nos confrères qui, après avoir comblé d’éloges l’ancien ministre des atfaircs étrangères, 11’ont pas hésité de puis quelques jours à se retourner contre lui. La faute la plus grave de M. Delcassé a consisté depuis trois ans, à 11e pas comprendre que la politique intérieure de M. Combes le condamnait à suivre à l’extérieur une politique beaucoup plus prudente et plus effacée. Il croyait, et il s’est trompé sur ce point, que le ministre des affaires étrangères pouvait s’isoler de ses collègues et poursuivre certains desseins tandis que le gouvernement en poursuivait d’au tres. La présence du général André au ministère de la guerre et celle de M. Pelletan au ministère de la marine ne favorisaient guère les succès de notre diplomatie et tout ce qu’elle pouvait faire, au milieu du gâchis intérieur, était de se tenir sur la réserve. Mais M. Delcassé ne semblait pas se préoccuper de ce qui était alors le véritable péril national. Il laissait s’accomplir la dé sorganisation de la défense nationale, et semblait oublier que le prestige et l’autorité d’un pays au dehors dépen dent de la solidité de son crédit et de la force de son armée. Il le comprenait sans doute, mais il n’osait pas le dire et il n’osait pas résister à M. Combes. Il négociait des traités et des alliances; il recevait des rois et leur rendait vi site, mais il ne voulait pas s’apercevoir que l’éclat des fêtes dissimulait assez mal les dangers réels auxquels nous exposait une politique intérieure en contradiction aussi absolue avec scs projets. Le réveil est douloureux et la leçon des événements est sévère. La retraite de M. Delcassé va-t-elle, toutefois, mo difier la situation créée en Europe par la défaite des Russes en Extrême Orient? Il serait puéril de le supposer et les polémiques de presse ne change ront rien à l’état de choses actuel. Un gouvernement qui 11e tiendrait point compte des engagements contractés au nom de la France par l’ancien ministre des affaires étrangères et par ses prédé cesseurs, avec l’approbation du Parle ment, qui s’inspirerait des conseils du parti socialiste en matière de politique intérieure et extérieure, n’éviterait des échecs immédiats que pour subir en suite des humiliations plus retentis santes. Nous ne pouvons supposer au surplus, que M. Bouvier, qui a partagé, sous le ministère de M. Combes et sous le sien, toutes les responsabilités de M. Delcassé, songe à se dégager des alliances que le parti socialiste a la prétention de briser et qu’il poursuive un autre but que celui qu’il a lui-même exposé à la tribune de la Chambre dans la séance du 19 avril : sauvegarder la dignité de notre pays et maintenir la paix Nous souhaitons très vivement qu’il y parvienne et nous croyons que le de voir de tous les patriotes est de l’y aider. Mais il ne dépend ni de lui seul ni...

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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