Extrait du journal

put léguer au Musée des Arts Décoratifs une incomparable série de « pochoirs » et de tissus précieux du Japon ; le Lou- 1 vre en a reçu aussi des laques et des gardes de sabre ; mais sitôt que la miniature persane eût été entrevue de lui, elle le conquit et tout le reste passa à l’arrièreplan. Il faisait de longues stations chez les marchands et à l’Hôtel des Ventes, surprenant parfois ses amis par la passion de ses enchères, puis, le soir, rentré chez lui, il étudiait, il comparait les pièces conquises de haute lutte, et s’il n’alla pas tout à fait jusqu’à apprendre le persan pour s’instruire de l’histoire de cet art qui le ravissait, il travaillait constamment avec un persan qui lui traduisait les documents nécessaires. Son érudition devint bientôt si sûre que lui, si timide pourtant, il n’hésita pas, en collaboration avec son ami Henri Vever, à écrire, sous forme de Catalogue, une histoire de la miniature persane, et cet ouvrage est capital en la matière. Une série formée par un tel amateur ne pouvait être que tout à fait remarquable ; avant de la recevoir par les dernières volontés de M. Marteau, le Louvre était assez pauvre en ouvrages de ces maîtres que la mode a adoptés depuis quelques années ; il passe aujourd’hui aux premiers rangs et peut montrer un des ensembles les plus complets qui soient, débutant avec les peintures presque tyrantins encore pour finir aux grâces exquises des illustrateurs des derniers siècles....