Extrait du journal

: J'ai été appelé à Bruxelles pour assister aux dernières répétitions d'un petit opéra tiré de ma pièce dé Jean-Marie, et ce brusque départ m'a empêché de me joindre aux amis de l'ancien Parnasse, .qui accompagnaient le convoi de l'excellent poète Paul Verlaine. Je ne l'avais guère revu qu'une ou deux fois, depuis le temps où le cénacle parnassien se réunissait dans l'étroite librairie du passage Choiseul, mais je gardais de lui et de ces années lointaines un souvenir ému, et personne n'admirait plus que moi ce talent si personnel, cette sensibilité aiguë et délicate , cette poésie si humaine, si sincère, d'un tour et d'un sentiment si français. Ce qui m'a toujours étonné, c'est que ce poète, d'une simplicité et d'un naturel exquis, ait eu pour disciples tout un troupeau de jeuiies esthètes compliqués et bizarres, bégayant une langue informe et inintelligible, et disloquant notre vers français...