Extrait du journal

Je vous' disais donc, messieurs, au moment où j'ai été malencontreusement interrompu, qu'on ne pouvait attacher aucune importance à l'accusation de Courtois. J'étais fixé sur ce point : Courtois avait menti. Et c'est ici, puisque vous m'y invitez, monsieur le Président, que je vais préciser. Il avait menti, d'abord, en prêtant à raumônier ce propos que lui, Courtois, avait un bras de petite fille ; il avait 'menti ensuite en disant que l'aumônier lui avait palpé le bras d'une façon indécente ; il avait menti enfin en accusant l'aumônier de lui avoir fait des propositions malpropres. Et la preuve de ces mensonges n'était pas seulement dans le caractère de l'aumônier, qui le mettait au-dessus de tout soupçon et qui forçait l'universel respect. Mais elle éclatait encore par ailleurs, singulièrement flagrante, éloquente, matérielle. En effet, messieurs, lorsque l'aumônier du bagne est appelé à. l'infirmerie, au chevet d'un malade, il n'est pas seul près de lui- Et, par le judas de la porte, ainsi que l'exige le règlement, l'œil d'un gardien regarde. Eh bien, comme le lit où reposait Courtois était tout près' de la porte où veillait le gardien, l'aumônier n'aurait pu avoir une attitude équivoque ni aire un geste douteux sans que cette attitude fût surprise* sans que ce geste fût aperçu....