Extrait du journal

Il passait pour démocrate. Si c'est être démocrate que. d'aimer le peuple, nul ne fut, en effet, plus démocrate que lui. Le peuple, il en était lui-même. Né d'une famille de modestes cultivateurs, il était toujours resté attaché à la simplicité'de ses origines. De brillantes études, dix-huit ans de professorat au collège Saint-Françoisd'Assise, trente-cinq années de vie politique n'avaient pas effacé chez lui l'humeur paysanne. Ce grand lettré, qui se plaisait à parler latin, se sentait pourtant tout pareil aux rudes travailleurs de sa campagne flamande. Comme eux, plus qu'eux, il était épris d'idéal ; comme eux encore, il besognait sans relâche, appliqué à traiter positivement les choses matérielles, ayant en horreur le bavardage, le désordre, la fausse éloquence, fidèle toute sa vie à un sage réalisme qu'embellissait et réchauffait le soleil de la cha-...