Extrait du journal

L'opinion et la presse françaIse ont fait beaucoup pour les Turcs depuis trois ans. Il y a peu d'exemples dans l'histoire d'un retour de sympathie aussi prompt en faveur d'anciens ennemis! A peine les batteries de la côte d'Asie avaient-elles cessé le feu que nous écoutions la voix du peuple turc d'une oreille indulgente, presque apitoyée. Au lendemain de l'armistice, alors que s'élaborait l'irréalisable traité de Sèvres, les turcophiles — c'est-à-dire presque tous les F ançais — le déchiraient en pensée et applaudissaient les Turcs de résister à ses exigences. La France, la première, en signant la convention d'Angora, a montré qu'elle désirait la paix avec la Turquie. Elle lui rétrocédait la Cilicie ; elle traçait, d'accord avec elle, la frontière tiirco-syrienne ; elle donnait au jeune et enthousiaste gouvernement de Mustapha Kemal la force de vivre et une rrison d'espérer. Elle a suivi avec une sympathie non dissimulée les efforts accomplis par les Turcs pour lutter contre l'invasion et pour libérer leur patrie. C'est à la conférence de Paris que les Alliés ont fait droit aux revendications turques; le peuple ottoman n'ignore pas que si" dès ce moment, on lui a promis la restitution de l'Anatolie, le retour en Thrace et à Andrinople,l occupation des lieux saints, il le doit a la France ! En même temps la presse française réclamait la reprise des relations intellectuelles 'raûco-turques. C'est il y a quelques mois seulement que je demandais qu'on accordât, comme par le passé, des subventions et des bourses aux étudiants turcs désireux..de venir en France....