Extrait du journal

Rudolph Valentino, dont le culte est, paraît-il, encore entretenu par d'inconsolables Calypsos. Il est difficile à un homme d'expliquer pourquoi tel échantillon de son sexe devient ainsi le maître de tant de cœurs féminins. J'ai déjeuné, peu de mois avant sa mort, avec l'irrésistible Valentino et je dois avouer qu'il ne m'a paru ni si beau, ni si distingué, ni si séduisant. Un grand garçon baragouinant et d'une élégance douteuse qui, sans le battage de la réclame cinéastique, eût passé inaperçu dans n'importe quel milieu, voilà tout l'effet qu'il m'a produit. Mais je suis mauvais juge et sans doute mon impression n'était-elle pas partagée par les femmes présentes. Je n'en crois pas moins que le fluide sexuel de ces don Juans de l'écran est, en grande partie, fabriqué par Barnum, que leurs frénétiques admiratrices sont, en immense majorité, des brebis de Panurge....