Extrait du journal

Pour reprendre contact avec Paris, après la longue absence de l'été, je me suis assis à la terrasse d'un café, regardant défiler les gens et écoutant leurs voix ; je dis .bien « .leurs voix », et non pas « leurs propos », car je n'entendais goutte aux langues qu'ils parlaient. A ma droite, à ma gauche, derrière moi comme devant moi, sur plusieurs rangs autour de moi, des visages exotiques et des nuques et des profils, tous apportés de loin, trop bruns, trop blonds, attestaient, par les tons de leur peau aussi bien que par les accents de leur parole, la multiplicité de leurs origines ; on eût dit que les cinq continents étaient venus se ranger en cercle autour de mon bock. Ma soucoupe devenait le centre du monde, mais un centre si négligeable, si négligé, que j'avais presque honte de notre minime importance. Un peu plus, je...