Extrait du journal

15 heures. Les couloirs s'animent. D'abord un bourdonnement, puis un grouillement, la cohue D'ailleurs on entre en ce moment au Palais-Bourbon comme au moulin.-A qui la faute ? Elle n'incombe certes pas au personnel de la Chambre, gardien lignant de toutes les issues, mais bien aux députés eux-mêmes qui font fléchir le règlement en faisant pénétrer à leur suite bon nombre d'amis politiques on toutes autres personnes qui n'ont rien à faire à la Chambre. Donc, on se fraye comme on peut un passage travers cette cohue. Et les pronostics vont leur train sur l'état de. la crise et son issue. On ne sait pas, mais on parle beaucoup. Il en est tant qui prétendent savoir, tout savoir, et qui ne savent rien L.. 16 heure$. Deux noms sont sur toutes les lèvres « Briand, Caillaux. » Ils seraient, dit-on, la cheville ouvrière de la nouvelle combinaison. Et M. Briand apparaît comme le deus ea machina. De son accepration dépendrait, ajoute-t-on, la réussite des négociations que poursuit M. Painlevé M. Briand accepterat-il les propositions qui lui ont été faites ?. Les paris sont ouverts, Le portefeuille 'de la guerre 16 h. 30. Mais voici M. Briana. Accompagné de son fidèle Peycelon, i; gagne les couloirs intérieurs où il est aussitôt entouré. On l'interroge. Avec bonne humeur, son. éternelle cigarette aux lèvres, il répond à tout et à tous, puis quand il a parlé, on ne sait plus au juste ce qu'il a voulu dire; car M. Briand a un langage sibyllin et., à double détente. On apprend cependant qu'il s'est mis, sous certaines conditions à la disposition de M. Painlevé. Le président de la Chambre, avant de lui proposer le portefeuille des affaires étrangères, lui aurait fait l'offre du portefeuille de la guerre; M. Briand aurait répondu à M. Painlevé qu'il n'avait pas l'âme bien guerrière et ne se voyait pas très bien sous l'uniforme. d'un ministre de la guerre. Incidemment on apprit aussi que ce portefeuille de la guerre avait été offert à M. Paul Doumer, sénateur de_ la Corse. Donc, aucune précision et toujours même incertitude....