Extrait du journal

» Je vous demandais, monsieur, pourquoi, dans la question de la taxe sur les céréales et le bétail de provenance étrangère, vous vous étiez abstenu, tandis que nos trois autres députés avaient voté la taxe et avaient même proposé, par amendement, de la doubler- J'ajoutais, avec l'espoir d'être compris, que leur conduite avait été extrêmement populaire dans le département. » Vous m'avez répondu en insistant sur les souffrances et les besoins de l'agriculture avec une compétence et une.éloquence dont je n'ai pas été surpris. Ni M. de Saint-Vallier, ni M. Méline n'ont plaidé la bonne cause de l'agriculture avec plus de conviction et de passion. Il vous a fallu, monsieur, bien du courage et du désintéressement pour ne pas porter à la tribune ces pages admirables. Tous ceux à qui je les ai lues en ont été enthousiasmés. Elles ne seront pas perdues pour le public, car je me propose de les citer en entier dans le discours que je dois faire en ouvrant le comice agricole. Je m'arrêterai, avec votre permission, à ces mots « Ces raisons semblent décisives », et je laisserai de côté le résumé que vous faites ensuite, avec beaucoup d'art et de talent, je le reconnais, dés discours de M. Léon Say. Vous terminez cette seconde partie de votre lettre par les mêmes mots qui terminent Ja première « Ces raisons aussi semblent décisives », et, trouvant d'un côté des raisons excellentes de voter la loi, et de l'autre des raisons excellentes de ne pas la voter, vous prenez le parti de ne prendre aucun parti et de rester, pardonnez-moi cette expression triviale, comme l'âne de Buridan, qui mourut de faim entre deux bottes de foin parfaitement égales, faute de pouvoir découvrir un motit pour manger l'une des deux avant l'autre....