Extrait du journal

Mais il ne suffit pas de s'indigner il faut tâcher de comprendre. Un pareil 'déchaînement de bestialité ne peut s'expliquer simplémént par :l'éveil des pasles-, plus -,basses dans' le cceur de l'homme. La guerre des Balkans n'est pas un duel quelconque.entre deux nations qui se mesurent. La commission nous paraît avoir aperçu la raison, psychologique de ce débordement, de violence, quand elle explique que cette guerre, la première, du moins,. rénvérsait le rapport séculaire des maîtres et des serfs. Les atrocités balkaniques,ont été, dans le principe, les représailles d'une.longue et'pesante oppression. Il est rare, érreffet, surtout à l'origine, que les excès aient été commis par des troupes régulières mais on constatera presque partout que leâ vainqueurs sont suivis de bandes locales, de volontaires en marge de l'armée officielle et qui, sûrs désormais de l'impunité, se vengent sur leurs adversaires d'injures personnelles ou nationales inexpiées, La commission ne craint pas d'écrire « Dans la Macédoine du nord, c'est la population victorieuse qui organisa la suppression systématique des musulmans. » Elle dit ailleurs « Les populations elles-mêmes s'entre-tuèrent et se poursuivirent avec d'autant plus d'acharnement qu'elles se connaissaient et qu'elles nourrissaient, les unes contre les autres, de vieilles rancunes et des haines de longue date. » Aussi est-ce un fait très général dans ces aeux guerres, que chaque combat est suivi-d'un exode en masse des éléments nationaux apparentés aux vaincus. Un vent de-terreur collective soufflait là où passait la défaite. Des fugitifs ont avoué parfois à la commission qu'ils avaient fui sans avoir été l'objet de menaces précises, affolés par des bruits de panique ou dans l'appréhension d'un réveil furieux des animosités locales. Dans chacun de ces villages macédoniens, où se croisaient sans se mêler des éléments ethniques violemment hostiles, il y avait toùjburs, quel que fût le vainqueur, un parti prêt à exercer sur l'autre les représailles de querelles séculaires. C'est pourquoi on a pu voir dans les mêmes villages, selon les aléas des combats réguliers, les Bulgares massacrer ou chas( ser les musulmans, et ceux-ci revenir en force pour exterminer les Bulgares. C'est pourquoi la délation a joué un rôle aussi constant qu'odieux dans le choix combien hâtif, et arbitraire des victimes, quand on prenait la peine et le temps de choisir. Plus tard, à mesure que se prolongèrent les fatigues et les privations de là guerre,- il semble bien que les armées de tous les belligérants aient subi, à leur tour, la contagion de la violence, et l'on voit, de plus en plus, au cours surtout de la seconde campagne, les violations des lois de la guerre commises par des troupes régulières. LA. RESPONSABILITE ( DES AUTORITÉS...