Extrait du journal

C'est demain l'anniversaire de l'avènement du ministère d'union nationale. Mais nous sommes tous tellement grognons, boudeurs, que nous feignons de ne pas nous en apercevoir. Loin de nous réjouir, nous sommes tous occupée à accuser les calamités atmosphériques qui ont amolli les lampions du 14 juillet et noyé un secteur téléphonique. Par ailleurs, comme la vie reste chère, nous n'hésitons pas à dire que cela va mal, surtout si nos moyens ne nous permettent pas de partir en vacances.. A tous ceux qui ne sont pas contents, nous proposons de se souvenir, avec précision, des journées angoissantes qui ont marqué l'avantdernière semaine de juillet 1926. A ce moment-là, la livre était à 245 francs. Je sais bien qu'en lisant ces lignes, des sceptiques murmureront que le prix de la livre anglaise importe peu en regard de la livre de pot-au-feu qui n'a guère diminué. Il faut se rappeler cependant de l'émotion qui, à l'époque, il y a un an exactement, a bouleversé la France. La foule s'amassait devant le Palais- Bourbon, la rue menaçait le Parlement et la Constitution. Les travailleurs les plus humbles cherchaient à sauver leurs économies en achetant du dollar. Le ciel était obscurci par le spectre de l'inflation, à l'allemande....