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Le Matin, 21 juin 1887

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Le Matin
21 juin 1887


Extrait du journal

Au regard des auteurs et des partisans de cette loi, la cause de notre défaite est l'infériorité du nombre. Ils ont fait le compte des hommes que. l'Allemagne en armes a su opposer à nos maigres bataillons, et se sont aperçus que notre armée de première ligne, la seule qui fut alors debout, n'avait été écrasée que parce qu'elle avait combattu dans la proportion de un contre quatre. Cette cause de défaite une fois établie, ils en ont conclu qu'ils tenaient le secret de la victoire. Faisons ̃ une armée plus nombreuse que celle de l'ennemi, et nous le vaincrons comme il nous a vaincus. Si la guerre était d'une pratique aussi simple, tous les conflits internationaux pourraient se résoudre par une simple opération d'arithmétique, sans effusion de sang. La nation qui compte l'armée la plus nombreuse, se contenterait d'opposer ses états d'effectifs à ceux de l'ennemi et lui dirait « Un homme vaut un homme, et j'en compte quelques milliers de plus que vous. Vous succomberez donc, si nous nous battons. Ne nous battons pas; épargnons-nous l'épreuve coûî«use et sanglante de la lutte, et payez-moi de bonne 3jjâcé le'prix d'une défaite à laquelle vous tie pouvez mathématiquement. échapper. V_ "V On n'imagine pas qu'un peuple tienne jamais de pareils propos à un- autre peuple, fût-il dix fois plus fort que son rival. Mais pourquoi? Parce que le nombre est précisément le moindre 'appoint de la victoire, l'élément le moins décisif dans les chances du combat. C'est dans la valeur militaire des hommes que réside la force des armées, et comme cette valeur se compose de vértus aicquises au régiment qui en est l'école, il s'ensuit naturellement que les meilleurs soldats sont les plus exercés. C'est là une vérité, d'expérience contre laquelle les théories de la garde nationale ou de la levée en masse n'ont jamais prévalu. Les esprits simples, comme vous et moi, en concluent que la meilleure loi militaire sera nécessairement celle qui combinera dans la proportion la plus juste le nombre et l'entraînement. Ayons une armée nombreuse, puisqu'il le faut, mais prenons garde d'en faire une cohue. Elargissons assez nos cadres pour recevoir tous les conlingents appelés le jour de la bataille; mais que ces cadres aient la résistance et la solidité des Vieilles troupes, afin de contenir ou d'entraîner dans l'action ces deux millions de soldats; impro-' yisés. ̃ "̃' • Les militaires raisonnent ainsi: les réformateurs civils qui légifèrent au Palais-Bourbon se piquent d'obéir à des considérations plus neuves. Ils lie contestent pas qu'un soldat exercé vaille mieux qu'un passant; ils reconnaissent même que la discipline, la cohésion, la 'solidarité, l'esprit de corps, le courage et l'entrain sont le privilège des troupes longuement exercées. Seulement, 'ce sont des vertus démodées dont ils n'ont plus besoin. Vous auriez raison, disent-ils avec la douce obstination des illuminés, si nous faisions une loi militaire, mais nous faisons une loi politique St. sociale. Nous. prétendons simplement accommoder l'armée aux mœurs de la démocratie. Or, la démocratie ne fait pas des soldats elle ne connaît que des citoyens....

À propos

Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».

 
 
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