Extrait du journal

Ce fut là que j'atterris par un jour de janvier que le soleil dévorant faisait plus chaud et plus vif que nos-plus beaux jpurs d'été. Emile Lécrivain était le pilote de l'avion qui nous avait amenés, Emile Lécrivàin, l'un de ces garçons magnifiques et simples qui, par leur foi, leur courage et leur amour des routes célestes ont créé et conservé à la France la ligne de l'Afrique et de l'Amérique du Sud. Celui-là, qui fut le compagnon de Mermoz et de la première équipe aux heures héroïques, devait disparaître quelques semaines après, au cours d'un vol de nuit, englouti par l'Atlantique, près de Mogador. Mais lorsqu'il posa son, appareil une fois de plus au cap Juby, qu'il connaissait si bien, il trépidait de cette animation ardente, de cette gaîté, de cette active gentillesse qui le faisaient aimer par tous ceux qui le rencontrèrent. Combien l'affection qu'il inspirait était chaude, vigoureuse et profonde chez ceux auxquels. l'unissait un travail commun, je pus le mesurer dès que nous eûmes pris contact avec le sol, et la joie vraiment fraternelle qui illumina deux visages enduits d'e sueur et de cambouis, les visages des deux mécaniciens qui, à eux seuls, composaient tout le- personnel de la ligne au cap Juby. Minute! cria l'un, on ne t'attendait pas si vite. Ça n'est pas ton tour de courriers pourtant. Pour de la chance, tu peux le dire que nous en avions...