Extrait du journal

LE BUDGET DE 1893 Nous sommas loin de l'époque où la seule distribution du budget était le signal d'une bataille de presse avant que commençât 4a bataille parlementaire. A l'époque, le budget n'était pas seulement attaqué pour lui-même, pour ce qu'il contenait ou ne contenait pas ;-il l'était aussi pour des considérations secondaires, de ces considérations secondaires qui, en politique, sont toujours au premier plan. C'est ainsi que la Droite avait la partie belle en se plaignant d'être systématiquement exclue de la commission du budget. Elle y est entrée depuis elle y est représentée chaque année,-comme elle le sera cette année encore, sans doute, par quelques-uns de ses membres les plus distingués, et, tout naturellement, les commissions du budget ne lui apparaissent plus comme des antres mystérieux où les républicains fabriquaient entre eux de la fausse monnaie, ce qu'il ne faut faire qu'à la dernière extrémité, même pour équilibrer .le budget. Elle a aujourd'hui sa part de collaboration non pas seulement dans .le vote, mais aussi dans là confection de la loi de finances, et, par suite, ses critiquels annuelles, cette consolation de toutes les oppositions, perdent forcément de leur vivacité et de leur acrimonie. il y a autre chose encore tout le monde comprend qu'il y a une corde qui est usée, et à laquelle il serait bien injuste de le reprocher, car, durant des années, et des années, on s'y est accroché avec frénésie c'est la vielle corde des économies, dont on ne peut plus guère attendre, maintenant, aucun service. Il n'en faut pas moins la garder très précieusement dans le magasin aux accessoires c'est à elle que nous devons d'en être où nous en sommes, et, à tout événement, il n'est pas mauvais que l'on sache dans les administrations publiques que, quoique cassée, les morceaux en seraient encore bons. Il serait, seulement, puéril de ne pas reconnaître que l'ancienne formule de nos Dantons financiers « Des économies, des économies et encore les économies » a beaucoup perdure sa valeur. Non pas qu'il faille abandonner les économies, mais c'est elles qui, désormais, nous abandonnent. Peut-être, reste-t-il encore, dans les coins, quelques bouts de chandelle; peut-être, en cherchant bien, trouverait-on encore quelquespoils sur les œufs. Mais cela ne peut pas aller, bien loin. Cette année, par exemple, il n'y a guère qu'une dizaine de millions à rogner, d'entrée de jeu, pour la commission du budget. Nous nous trouvions d'habitude, à chaque exercice, en présence d'une centaine de millions d'augmentation sur l'exercice précédent. Il n'y a, cette fois, qu'une augmentation effective de dix millions sur l'année passée. Ce n'est, pour une commission qui se respecte, qu'une bouchée de pain et, dès à présent, le mieux qu'on puisse dire de ce budget c'est qu'il ne sera pas en augmentation sur le précédent. Saluons, car c'est du nouveau, et acceptons ce mieux sensible qui, par hasard, n'est pas l'ennemi du bien....