Extrait du journal

Ils jouaient au bridge Ce qu'a été la vie, pendant le siège, je m'en suis rendu compte aujourd'hui en ;visitant le magnifique établissement des pères résurrectionnistes, en compagnie cents personnes notables s'étaient réfugiées là dans les salles souterraines, les couloirs, les caves les consuls y avaient logé leurs archives chacun faisait apporter de chez soi, par la ville toute ouatée de neige, sa nourriture du jour. En vovant arriver le serviteur, on se disait Ma maison est encore debout », et l'on s'asseyait de meilleure humeur devant les in'terminables parties de bridge et de poker, qui ont remplacé durant des mois les distractions, les affaires, les journaux et les lettres. On ne m'a pas dit que cette vie de cloître ait provoqué des vocations religieuses, mais elle a été, on s'en doute, une occasion de mariages. Sauf pour les pauvres gens, les gueux turcs, que le jeûne perpétuel avait préparés de longtemps aux disettes d'un siège, les estomacs, n'ont pas trop soufvert. Le pain à la paille et au crottin que l'on vous montre déjà moisi n'a été mangé par aucun des Andrinopolitains qui se respectent. Entre la ville et les f forts, il y a de bons pâturages, où de nombreux moutons ont pu paître. La volaille et les œufs n'ont jamais fait défaut. Les canards persistaient à prendre leurs bains malgré les obus. Les pigeons, les beaux pigeons d'Orient roucoulaient sur tous les toits....