Extrait du journal

-Onpeut dire queje. piano est devenu Instrument libéral par excellence ; il affectionne la demeure du riche comme celle du pauvre,; grâce à lui, les loisirs de l'opulence échappent au malaise de l'ennui, et l'humble bourgeois, par son secours, voit ses enfants échanger une destinée obscure contre la brillante carrière de l'artiste. L'étude du piano, qui est maintenant répandue dans toutes les classes, est en quelque sorte une conséquence naturelle de notre grande révolution. Autrefois la musique était un art d'agrément dans toute l'acception du mot, une superfluité de l'instruction déjà fort incomplète des nobles. Le clavecin, admis dans les salons de la haute société, touchait alors à l'apogée de sa gloire : Il est présentement une des parties de ta belle éducation des demoiselles de condition, écrivait dans une préface un professeur de ce temps, appelé Michel Corvette, qui jouissait d'une certaine réputation, mais dont les élèves, faisant peu de progrès, étaient malicieusement désignés pour cette raison, par les mauvais plaisans, sous le nom d'anachorètes (d'ânes à Gorrctte)....