Extrait du journal

De fait, ce voyage en Angleterre, qui fut un échec artistique, ne fut pas sans avoir eu une influence heureuse sur le développement de l'esprit de Gluck. A défaut d'un succès professionnel et immédiat, l'expédition eut pour lui l'importance d'un voyage d'observations et d'étude. Le Bohémien qu'il était continuait à courir le monde, mais il n'y passait pas en indifférent. Resté en Italie, il se fût engourdi en continuant à satisfaire les dileltanti : quand il en fut sorti, il s'aperçut qu'il y avait d'autres lieux, sur terre que les opéras de Milan et de Venise, d'autres êtres humains tpe les castrats et les prime donne. Et voici que chez un peuple moins musicien il trouvait des exemples d'un art plus sévère, et manifestement plus durable. Put-il rester insensible à la beauté sereine, grave et forte, des chants de Haendel ? Les opéras anglais d'Ame, de leur côté, lui offraient d'autres modèles et pouvaient l'aider à fixer sa pensée déjà hantée par l'idée de « la noble simplicité ». Du même Ame, il entendit sans aucun doute, en cette année où le sentiment patriotique du peuple anglais eut tant d'occasions de se surexciter, le chant national, presque alors dans sa nouveauté : Rule Britannia; ne doutons pas qu'il ait ressenti encore une vive impression de cet hymne aux lignes pré-...