Extrait du journal

ments et le caractère de chaque phrase musicale. Pour réaliser sur une grande échelle une pareille idée artistique, il fallait, avant tout, s'associer un homme de veilles et de science, pénétré de son' austère mission, riche d'abnégation, prompt et courageux à l'oeuvre, sans préjudice de la maturité qu'exige la culture de l'art classique. Cet homme savant et modeste, jeune et vieux à la fois, il a été trouvé en la personne de M. Marmontel, l'habile et consciencieux professeur du Conservatoire. Dès les premières pages de son travail, les sympathies les plus honorables lui sont venues en aide, et il a pu poursuivre sa tâche avec la confiance du succès. La musique, tout comme la littérature, aura donc ses classiques illustrés et vivifiés, son arche sainte, toujours ouverte aux patriarches de l'art, et parfois aussi aux jeunes maîtres devenus dignes de cet honneur. Et qu'on ne croie pas que cette arche sainte, ce port assuré contre les mauvaises réimpressions de nos chefs-d'oeuvre, soit d'une légère importance. Citons à cet égard une autorité-jeune encore, et qui cependant a blanchi dans la pratique de l'ancienne musique, celle de M. Stamaty écrivant à M. Marmontel : a Personne plus que moi, et depuis longtemps, mon cher collègue, n'a senti l'utilité qu'il y aurait à présenter aux élèves et aux professeurs une collection complète de la musique des maîtres qui, étant morts, ne peuvent réclamer eux-mêmes, quand leur pensée se trouve si cruellement altérée par les fautes involontaires, quelquefois même volontaires, des éditions de leurs oeuvres. Je ne puis donc qu'applaudir au courage que vous avez eu d'entreprendre une tâche aussi longue et aussi difficile. Je sais d'avance la conscience et le talent que vous y avez apportés, et je vous remercierai de bien grand coeur toutes les fois qu'en me servant de l'édition dont vous vous occupez, j'y trouverai rectifiés les passages qui depuis tant d'années m'ont fait perdre tant de temps pour les corriger. — Stamaty. »...