Extrait du journal

d’autres moyens pour faire con naître au gouvernement le senti ment et la volonté du pays. Ils seront employés. La Commission administrative permanente du Parti Socialiste qu’émeuvent et inquiètent des gestes dont les sui tes peuvent être graves pour le ré gime, saura prendre mercredi les dispositions nécessaires. Nous avons démontré cent fois que les préoccupations extérieures n’étaient pour le gouvernement qu’un prétexte. Nous avons établi que seul le souci de durée minis térielle commandait tous ses ac tes. Déjà, au lendemain de l’en trée des troupes allemandes à Prague, quand, nvnrtingalant dans l’échec, M. Daladier a demandé les pleins pouvoirs, nous avons prévenu les républicains du dan ger que constituait un gouverne ment hanté par des rêves bona partistes. Peu à peu les yeux s’ouvrent. Et ce ne sont pas des discours comme celui de M. Paul Reynaud qui les fermeront. Le gouvernement supprime les élections. Mais M. Paul Reynaud pro nonce une harangue électorale. Vincent Auriol, qui répondra pour sa part aux audacieuses et légères affirmations du ministre des Finances, me disait hier ne pas comprendre qu’on ait décidé la prorogation pour ne pas ouvrir une période d'agitation électorale, alors que le gouvernement luimême donne l’exemple de la dis pute politique la plus acerbe. De tranquilles controverses dans des salles de chefs-lieux de cantons troubleraient, paraît-il, la nation, porteraient atteinte à son moral et à son union. Dans ce cas, que faut-il penser du discours de M. Paul Reynaud ? Et ce n’c'st pas dans un cabaret de village que le ministre a pro noncé sa diatribe. C’est devant le micro, les ondes répandant ses propos à travers le pays et à tra vers le monde. Mille réunions électorales, mêmes passionnées, auraient moins porté atteinte « au moral et à l’union de la nation » que son discours aux violences froidement calculées. M. Paul Reynaud a pa ru vouloir prendre la tète d un parti contre un autre. Il a jeté, à la volée, des chiffres qu’il faudra...