Extrait du journal

ffcttrc Ipcmsimnc. Monsieur le Directeur, Je reviens du Champ-de-Mars, qui sera bientôt, et après bien des vicissitudes, le témoin de la lutte pacifique la plus impo sante des temps modernes, et je peux vous dire que la transformation presque com plète qu’il a subie en a déjà fait une vé ritable merveille. Le hasard a voulu que j’y rencontrasse l’Empereur. Il était en phaéton. qu’il con duisait lui-même. Il a visité les travaux ; le publie et les ouvriers, comme toujours, l’ont salué de leurs acclamations. De là il s’est dirigé vers les hauteurs de la place du roi de ltome, où il a été reçu par le préfet de la Seine, qui venait donner les ordres pour le prompt achèvement de ce magnifique plateau. Je peux le dire, Paris tout entier pivote autour de ce mot magique, l’Exposition. On ne peut rencontrer quelqu’un d’affairé, qu’il ne le soit pour l'Exposition. Chacun a son plan, médite son projet , et veut gagner son petit demi-million. Rien que ça. Déjà les affiches indiscrètes et bavardes s’étalent sur nos murs et font des offres aux passants. La dernière qui vient d’être apposée est celle-ci : Album de l’Exposition illustré. Heureusement, au-dessous un gamin a écrit au crayon : Album illustré de l’Exposition. Ce gamin mérite de devenir un jour un grand éditeur, et. si j’étais ministre, je lui donnerais déjà un brevet de libraire. Je ne sais vraiment pas comment vous ferez, mon cher directeur, lorsque vous viendrez a Paris en celle circonstance, pour vous substanter, vous loger et vous cou cher. Tout est monopolisé d’avance, et je vois déjà la main de l'industrieuse Angle terre dans un grand nombre de baux, qui ont pour but d’accaparer le plus grand nombre possible de logements meublés. On appelle ça ici une girardinade en grand. Tout doit être hors de prix. Quant aux voitures, qui jouissent de la liberté du tarif depuis quelques mois, comme vous savez, elles me paraissent très enclin à vouloir en abuser. Chacun fera bien d’amener la sienne. Messieurs les cochers seraient assez d'avis, quelque fût le temps ou la course, de ne jamais rendre de monnaie sur une pièce de cinq francs, voire même de dix et de vingt francs, les jours de fêtes. Dans ce cas, je vous prie de croire que le diman che durerait toute la semaine, et Dieu re connaissant leur pardonnerait. Je ne suis pas tout à fait un montagnard écossais, comme les Anglais de l’Ecosse, et cependant, mon cher directeur, je ne peux, dans un cas in extremis, s’il se pré sentait, vous laisser dans la rue et me dis penser de vous offrir une généreuse hospi...