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Le Nouvelliste de Bellac, 15 novembre 1868

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Le Nouvelliste de Bellac
15 novembre 1868


Extrait du journal

La Gazelle des Tribunaux raconte l’his toire suivante, épisode inédit des Mystères de Paris : Mme X..., dont le mari compte parmi nos som mités financières, s’était rendue, il y a quelques jours, chez une des plus célèbres couturières de Paris, pour y essajer quelques effets d’habillement. En terminant sa visite, elle fit compliment à sa fotirnisseuse de la complaisance, de la tenue par faite et de l’Iubilelé montrées par l’ouvrière char gée de l’essai. — Je n’ai vraiment qu’à me louer d’elle, répondit la maîtresse couturière, et je voudrais pouvoir lui offrir des appointements plus élevés que ceux qu’elle touche chez moi ; mais j’ai des frais de maison tel lement considérables, que je suis obligée, pour chaque dépense, de m’en tenir au strict nécessaire, cl d’ailleurs, Louise X... (c’est le nom de l’ouvrière dont vous me parlez) ne peut, à cause de sa santé très délicate, faire dans mon atelier que des de mi-journées, ce qui réduit de moitié son salaire. Je crois qu’elle supplée à celle insuffisance forcée en travaillant chez elle et pour son propre compte. Plusieurs heures s’étaient passées depuis celle conversation, lorque Mme X .., en descendant de voiture, après avoir passé la soirée au Théâtre Ita lien, aperçut, à la lueur du candélabre à gaz placé devant son hôtel, une jeune chiffonnière qui, un mannequin d’osier sur les épaules, une lanterne dans la main gauche et un crochet à la main droite, colligeait soigneusement quelques épaves de choix, parmi les débris entassés en contre-bas du trottoir. Le costume de celle jeune fille était pauvre, bien pauvre, mais néanmoins très propre : pour coiffure une capeline de tricot noir ; pour vêlements, une robe d indienne usée et un châle de grosse laine noué autour du buste ; pour chaussures, des sabots. Sous cet accoutrement parfaitement simple, on de vinait toute une vie de privations et d’efforts, lin caractère honnête, persévérant et laborieux. Du premier coup d’œil, Mme X... avait reconnu dans celle chiffonnière l’ouvrière de l’atelier j\ .. — Vous êtes Louise X .., suivez moi sur-le-champ, il faut que je vous parle, lui dit-elle en I entraî nant vers la porte de I hôtel devant Ions les do mestiques ébahis de voir la grande dame rentrer ainsi chez elle, côte a côte avec une chiffon nière Louise X .., une fois installée dans le petit salon et sur l’un des fauteuils de la riche banquière, ne se décida pas sans quelque hésitation à donner les explications qu’on lui demandait sur sa vie en partie double et sur ses deux costumes Enfin, pressée de questions et rassurée d’aillem s par le ton affectueux aussi bien que par les pareles bienveillantes de Mme X..., elle lui fil le récit suivant : — Je suis l’ainée de cinq enfants.Depuis trois ans notre père est mort, et, par suite d’infirmités pré maturées, notre mère ne peut ni travailler ni même se mouvoir. Pour subvenir à ses besoins et pour élever mes frères et sœurs, dont je paie les mois d’apprentissage, je me suis faite couturière le ma tin et chiffonnière le soir. Ce qui vous paraîtra sans doute incroyable, mais ce qui pourtant n’est que matériellement vrai, c’est que le dernier de ces deux métiers est celui qui est...

À propos

Fondé en 1831, Le Nouvelliste de Bellac était un journal de la Haute-Vienne. Il disparaîtra plus de cent ans plus tard, en 1942.

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