Extrait du journal

mieux que de taper sur un religieux, 1 mais, en l’espèce, il leur a fallu renon cer à ce plaisir. Dans leur for intérieur, ils se disaient, ces braves magistrats, que c’était le maire de Migron, et non le pauvre diable de capucin, qui aurait dû se trouver sur la sellette. Aussi n’ont-ils que fraîchement ac cueilli les accusations du citoyen maire. Le capucin en a été quitte pour cent francs d’amende, et, dame, par le temps qui court, c’est pour rien,quand on s’est offert le luxe de dire son fait à un fonctionnaire républicain. La grande majorité de la population a applaudi à ce jugement, mais, comme on peut le croire, certaines gens sqjit fort embêtés. Ce sont le maire et ses copains. Le premier rage tellement de voir que le capucin n’ira point tuer sa robe de bure sur les banquettes de la prison départementale, qu’il vient d’envoyer sa démission à son préfet. Dès l'instant qu’on ne peut plus se ' payer la tête d’un capucin sans que la justice vous donne raison, il n’y a plus d’agrément et les vrais frères n’ont plus qu’à rentrer chez eux. Le maire de la commune de Migron peut retourner dans sa cuisine et y rester. Ilestcertain que ses concitoyens n’iront plus l’y déranger pour lui porter l’écharpe municipale. C’est ainsi que, pour cent francs, un capucin a nettoyé la commune de Mi gron. Maurice MARCK...