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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, 1 septembre 1911

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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine
1 septembre 1911


Extrait du journal

L’année dernière, en Espagne, des paysans égorgeaient un enfant sur le conseil d’une façon de sorcière, qui avait déclaré que le sang juvénile guérirait un vieillard miné par une consomption incurable. Les détails du crime étaient horribles. Maintenant la Calabre massacre ceux de ses enfants qui voudraient l’arracher au fléau qui la décime. On se croirait revenu au temps de la bar barie et des sacriiices humains. Sur la terre la plus travaillée par l’influence chrétienne fleurit ce qu’il y a de plus détestable dans le paganisme. Il n’est pas rare de rencontrer en Italie descroyancesetdescoutumes qui rappellent les temps abolis. Elles ont survécu â tous les siècles, et les générations se les trans mettent intactes. Sans doute, ces coutumes ne comportent pas ces « faits de sang » magnifiques et terribles, dont l’archaïsme stupéfie à n tire époque; mais elles gardent la simplicité et la vigueur païennes. Il y en a d'idylliques. C’est ainsi que dans les Abruzzes. aux premiers beaux jours, quand la terre frissonne et se réveille sous les bai sers du soleil et que l’air plus subtil agite les feuilles d’un vert si tendre, on célèbre les lleuves et les rivières. On regarde les cours d’eau comme des divinités qu’il faut se rendre propices. Couronnés de Heurs, les habitants traversent les gués et répan dent au fil de l’eau des espèces de libations fleuries qui flottent doucement. Les rivières deviennent ainsi des bouquets éclatants et parfumés, qui marchent vers la mer au sourire innombrable. D’autres fêtes sontmoinsgracieuses, plus païennes. A la même époque, dans un vil lage des Abruzzes, se déroule la procession des serpents. Une ihéorie de jeunes hommes et de jeunes femmes, le torse nu, autour duquel s’enroulent des serpenls, promènent une statue creuse remplie de serpents éga lement. Par les yeux, la bouche, les oreilles de la statue sortent les tètes et les langues fourchues de ces animaux, si nombreuses que la statue en parait vibrante. Comme on est au commencement de mai, les ser pents, engourdis par la rigueur du climat, ne quittent pas les maisons, ainsi que des hôtes respectés; mais sitôt les fortes cha leurs revenues, on voit dans les rues du village et sur les roules, des serpents qui regagnent leurs retraites. Presque de même nature, mais d’un parfum d’antiquité plus violent, est la cérémonie qui se célèbre dans une bourgade voisine. Une vache blanche, qui porte un enfant couronné de roses, est amenée en grande pompe devant le peuple assemblé. On attend qu’elle se soulage, et un ancien du pays, doit lire dans lès excréments les prédictions et les pré sages pour l’année. On comprend que ces populations, qui conservent si fidèlement ces traditions d’un autre âge, se montrent réfractaires aux progrès modernes ainsi qu’aux mesures qu'il dicte. Elles aiment l’ordonnance, la pompe, le pittoresque des sacrifices an tiques. Elles ne répugnent pas à verser le sang des victimes — et dans les grandes occasions, lorsqu’il s’agit d’apaiser la colère des divinités redoutables ou de se concilier leur faveur, elles croient que le sang le plus précieux, le sang humain, est le plus ellicace et le plus propice....

À propos

En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.

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