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Le Petit Journal, 4 mai 1880

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Le Petit Journal
4 mai 1880


Extrait du journal

Je viens de recevoir la lettre suivante que je m'empresse de transcrire : Thouarcé, 1" mai 1880. Monsieur Thomas Grimm, Je viens vous prier de bien vouloir publier dans votre estimable journal le fait suivant qui, mal heureusement, ne se produit que peu fréquem ment : M. Bouquet, tonnelier à Bonnezean, commune de Thouarcé, a été, par suite de la mauvaise ré colte, dans l'obligation de prendre des vignes à bêcher. Cet honorable père de famille est tombé mala de; il a dû rester un mois au lit. Les propriétai res, voyant leurs vignes envahies par les herbes, ont été sur le point de poursuivre le malheureux. Alors les habitants se sont réunis et, à l'unani mité, ils ont décidé que tous ils consacreraient la journée du lundi 3 mai, à bêcher les vignes dont s'est chargé M. Bouquet. Cette initiative nous a paru de nature à être donnée en exemple, et nous vous prions de la faire connaître par la voix de votre très estimable journal. Veuillez agréer, etc. Le chef de gare de Thouarcé, foucher. Ce fait est très honorable sans doute, et nous le publions très volontiers, bien que notre estimable correspondant ait tort, à notre avis, de le considérer comme tout à fait exceptionnel. Je l'ai vu se produire cent fois à la cam pagne. *** Mais, qu'il soit commun ou rare, peu im porte, c'est un des exemples d'intelligente et active solidarité. . Thouarcé est une commune importante de ce riche département de Maine-et-Loire qui paraissait à l'abri des mauvaises Récol tes et qui a été atteint, lui aussi. Les habitants se sont ingéniés ; ceux qui ne pouvaient plus vivre de leur métier, comme M. Bouquet, ont repris la bêche et la charrue et sont devenus fermiers. La malechance poursuit M. Bouquet.Estce que ses camarades, ses compagnons de travail vont le laisser dans l'embarras? Nullement, Chacun pour soi, sans doute; la maladie n'est pas un vice ; ce n'est qu'un accident. Allons! On travaillera pour soi une heure de plus matin et soir, le reste de la semaine; que le lundi soit consacré aux vignes prises à bail par Bouquet. Cette décision a été prise à l'unanimité, nous dit notre correspondant. A l'unanimité !... C'est-à-dire qu'on ne s'est pas demandé si M. Bouquet est rémiblicain ou réactionnaire, croyant ou librepenseur; il est dans la peine ; il est mal heureux ; cela suffit. Le malheur, voilà le drapeau de la chari té ; ce qui revient à dire que la charité n'a pas de-drapeau. *** J'ai cru devoir d'autant plus mettre en lumière le fait de solidarité qui nous est signalé de Thouarcé, qu'en môme temps que la lettre de M. Foucher, jé recevais une cir-1...

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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